Le rucher au fil des saisons

Le cycle biologique d’une colonie d’abeilles, c’est à dire les différentes phases de son développement annuel, est étroitement corrélé aux conditions climatiques du lieu où elle se trouve et à la flore environnante.
Les considérations que vous trouverez dans le reportage qui suit sont relatives à la plaine du Forez et aux premiers contreforts des Monts du Forez (jusqu’à une altitude d’environ 700 m) et se rapportent à une année dite normale d’un point de vue climatologique.
C’est pourquoi elles ne doivent pas être considérées comme ayant une valeur universelle.

PRINTEMPS

Fin FÉVRIER /MARS : C’est la reprise d’activité pour les abeilles et ….l’apiculteur.

Au sortir de l’hiver , les premiers pollens (saules marsault et chaton_noisetier_6x4noisetiers principalement) nécessaires à la reprise de l’élevage des larves stimulent la colonie et annoncent le renouveau.

Le pollen est récolté en grande quantité au printemps (surtout en avril /mai) lorsque l’élevage est très importaabeille_pollen_6x4nt. Une ruche en récolte en moyenne 50 kg par an. Une abeille, dont le poids moyen est de 100 mg, en rapporte une charge d’environ 50 mg à chaque voyage.
Pour l’apiculteur, l’importance de cette reprise d’activité est le principal témoignage de la force de ses colonies en attendant de pouvoir les contrôler lors de la visite de printemps.
Celle-ci pourra avoir lieu dès que les conditions météorologiques le permettront : temps calme (pas de vent surtout) et doux (température d’au moins 15°).

C’est une époque critique pour la colonie : les réserves soupese_ruche_8x6diminuent rapidement. L’apiculteur doit être vigilant et contrôler régulièrement le poids de ses ruches.

Il convient d’apprécier les réserves pour nourrir si nécessaire. Cette évaluation demande beaucoimg_8119_8x6up d’expérience.
Une période de mauvais temps prolongé peut être fatale et ce sont toujours les plus belles colonies qui sont menacées, compte tenu de l’importance de la population à nourrir.
Le moment venu, équipé d’une tenue de protection pour se protéger des piqûres et d’un enfumoir produisant une fumée froide qui a la propriété de calmer les abeilles, l’apiculteur va pouvoir procéder à la visite de printemps.
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Que va-t-il découvrir dans la ruche ?
  • Des provisions de miel (pour les abeilles et le couvain).
  • Du pollen (pour l’élevage des larves).
  • Du couvain (futures abeilles).

La colonie, à cette époque, est composée d’une reine et d’environ 30000 abeilles.
La vie et le développement de la colonie s’organise autour de la reine ; c’est elle qui en assure la cohésion..
La reine a une durée de vie de plusieurs années (de 3 à 5 ans), constamment dans la ruche.

Sa ponte varie au fil de l’année : de quelques œufs par jour lors de la reprise de ponte vers la fin décembre jusqu’à un œuf toutes les 40 secondes en moyenne en pleine saison (Mai) soit environ 2000 œufs par jour. C’est la seule femelle fécondée de img_8029_6x4la colonie.

AVRIL : C’est l’époque du plein développement de la colonie.

Maintenant le couvain occupe la quasi totalité du rayon.
Sa disposition concentrique et compacte est la marque d’une reine jeune et 123-2315_img6x4prolifique.

 

 

L’élevage des mâles qui pouvait déjà avoir commencé le mois précédent est maintenant en plein développement. Les cellules aux opercules bombés dans lesquelles ils se trouvent sont très reconnaissables.

Le couvain se développe en suivant 3 stades :couvain_6x4

  • L’œuf (durée : 3 jours),    }     C’est le
    La larve (durée : 6 jours). } couvain ouvert.
  • La nymphe (durée 12 jours). C’est le couvain fermé.

Il y a une nymphe à l’intérieur de chaque cellule operculée d’où sortira une abeille à la fin des métamorphoses.

A partir de sa naissance, l’abeille passe par différents stades :

  • Nettoyeuse (environ 2 jours) : elle nettoie les cellules où la reine viendra pondre.
  • Couveuse et nourrice (environ 10 jours) : elle secrète, grâce à ses glandes hypopharyngiennes, de la gelée royale qui est distribuée aux jeunes larves et elle tient le couvain au chaud (à environ 35°). Ses glandes s’atrophient rapidement alors que d’autres se développent.
  • Cirière (environ 8 jours) : les glandes cirières apparaissent. Elles sont situées entre les anneaux de l’abdomen et secrètent des écailles de cire. Celles-ci serviront à la construction des rayons. Sept kilogrammes de miel sont nécessaires à la construction d’un kilo de cire.
  • Ventileuse et gardienne (environ 2 jours) : elle assure alors la climatisation de la ruche (température et humidité) et sa défense.
  • Butineuse (environ 3 semaines) : après avoir été abeille d’intérieur , elle aura la charge d’aller récolter de l’eau, du pollen, du nectar ou du miellat, de la propolis selon les besoins de la ruche.

L’apiculteur profite de l’accroissement des colonies et de l’activité des jeunes abeilles pour renouveler les vieux cadres. Il introduit des cadres neufs que les abeilles finiront de bâtir. Il surveille aussi le développement des colonies et procède à la pose des hausses dans lesquelles les abeilles amasseront leurs provisions.

MAI : C’est la période de l’essaimage, mode de reproduction naturel d’une colonie d’abeilles.

Les ouvrières édifient plusieurs cellules royales qui donneront naissance à autant de reines.129-2959_img6x4

Quelques jours avant l’éclosion , la reine quitte la ruche avec environ la moitié de la population : c’est l’essaimage. La première reine qui naîtra sera la nouvelle reine de la ruche. Les autres cellules seront détruites par les abeilles et les reines tuées.

Quelques jours après sa naissance, la reine sortira pour effectuer son vol nuptial et elle sera fécondée par plusieurs mâles (appelés aussi faux bourdons).

Chaque ruche en compte quelques centaines à cette époque.173-7388_img6x4

L’apiculteur est très présent au rucher :

  • Surveillance de l’essaimage et prévention de celui-ci.
  • Ramassage des essaims et enruchage.
  • Surveillance du remplissage des hausses (contrôle de la miellée).

ETE

JUIN : C’est l’époque de la  » grande miellée « .
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La ruche fait preuve d’une intense activité. Des milliers de butineuses visitent une multitude de fleurs, de même espèce à chaque sortie, pour emplir leur jabot de nectar (environ 75 mg) qu’elles rapporteront à la ruche et que les abeilles d’intérieur transformeront en miel.
Après la première récolte en juin (miel de plaine) l’apiculteur pourra transhumer ses ruches sur les miellées de montagne : fleurs et miellat (miellat de sapin par exemple).

    • Enlèvement des cadres des hausses au rucher et transport à la miellerie.
    • Désoperculation.
    • Extraction par centrifugation. (Extracteur manuel ou à moteur).
    • Conditionnement.

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Après filtrage suivi d’une maturation d’environ deux semaines le miel peut être mis en pot. Il peut aussi être conditionné « en rayon » dans ses alvéoles.

JUILLET et AOUT : Avec la fin de la miellée, l’activité de la ruche décroît. La reine réduit sa ponte. Les mâles sont progressivement expulsés de la ruche.
L’apiculteur contrôle la miellée de montagne, transhume sur la bruyère, qui sera la dernière miellée, après avoir procédé à la récolte.

AUTOMNE

SEPTEMBRE : C’est le mois de la préparation à l’hivernage. La floraison tardive de quelques plantes (lierre, bruyère…) permet à la reine de reprendre sa ponte quelque temps afin d’obtenir de jeunes abeilles qui affronteront l’hiver et assureront le redémarrage de la colonie dès l’apparition des premiers pollens.
L’apiculteur ramène ses ruches sur les lieux d’hivernage en plaine et procède à la visite d’automne ou visite de mise en hivernage :

  • Contrôle des provisions et nourrissement si nécessaire ;
  • réunion des colonies faibles ;
  • traitement contre la varroase etc….

HIVER

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D’OCTOBRE à fin FEVRIER : Les abeilles forment une grappe active et utilisent leurs provisions de miel pour se nourrir et maintenir une température nécessaire à leur survie. Elles ne sont pas en état d’hibernation. Le moindre réchauffement extérieur leur permet de sortir pour leur vol de propreté.
Pendant cette période, la ruche ne doit en aucune façon être dérangée.
L’apiculteur met à profit cette période de répit pour faire des travaux de réparation (remise en état des ruches vides), préparer des cadres, fondre les vieux rayons et les cires d’opercules, mettre en ordre les notes prises au cours de l’année lors des visites, mettre à jour ses connaissances (revues et ouvrages apicoles) et ….préparer la saison à venir.

Jean-Louis PERDRIX