La propolis (1)

La propolis est une substance ceroïdo-basalmino-résineuse que les abeilles élaborent à partir d’une matière résineuse sécrétée par les bourgeons et l’écorce de certains arbres. Cette substance est travaillée par les abeilles qui la transforment, grâce à leurs sécrétions salivaires, mandibulaires (enzymatiques) et à la cire qu’elles sécrètent, en une sorte de mastic.

Elles l’utilisent :

  • Pour obturer ou réduire les ouvertures ;
  • Pour mastiquer les fissures ;
  • Pour réparer et consolider les rayons en mauvais état, ainsi que tout ce qui branle ;
  • Pour vernisser les surfaces intérieures de la ruche ;
  • Pour recouvrir d’une fine couche les bâtisses neuves ;
  • Pour stériliser l’intérieur de leur habitacle ;
  • Pour embaumer, désinfecter les cadavres de tous les animaux morts autour du nid (limaces, souris, papillons…). C’est donc pour elles un produit très précieux que néanmoins toutes les variétés d’abeilles n’utilisent pas à la même échelle.

Dans notre région ce sont essentiellement les arbres suivants qui sont la principale source d’approvisionnement des abeilles : les résineux, les peupliers, l’aulne (verne), le bouleau, le frêne et les chênes… Les abeilles récoltent aussi la vieille propolis sur les ruches abandonnées.

La couleur de la propolis est très variable selon ses origines végétales et la période de la récolte. Elle peut varier du jaune clair au brun très foncé presque noir en passant par toutes les nuances de brun plus ou moins rougeâtre ou verdâtre.

La consistance est elle aussi très variable en fonction de la température. Elle est friable en dessous de 15 degré et devient très molle et malléable autour de 30 degré. Au dessus elle est collante et fond vers 60 à 70 degrés. Fondue au bain marie une partie visqueuse se dépose tandis que surnage une partie cireuse (liquide). Elle peut être utilisée en apiculture pour fabriquer un attire essaim – voir recette sur le site.

La saveur de la propolis est souvent plutôt âcre voire amère. En aucun cas c’est un produit agréable au goût. Quant à son odeur elle est plutôt agréable surtout lorsqu’elle est chauffée du fait des résines aromatiques qu’elle contient.
La composition de la propolis est très variable et très complexe du fait de ses origines végétales et l’évocation des divers acides, aldéhydes coumarines et flavonoïdes suffit à faire apparaître la complexité de ce produit. Il n’y a donc pas une mais, de multiples propolis.

Ce sont de très vieilles abeilles qui se chargent de la récolte de cette substance très collante et c’est semble t-il la dernière tâche qu’elles accomplissent à la fin de leur vie de butineuse. Elles la transportent comme le pollen, dans la corbeille sur la troisième paire de pattes. Mais ce n’est qu’un nombre limité d’abeilles qui se livrent à cette récolte suivant des stimuli variables (besoin d’asepsie, besoin de défense de l’entrée, besoin d’isolation thermique, abondance de l’offre, conditions climatiques favorables…). C’est généralement après la grande miellée que la récolte est la plus importante (il va de soi que la température estivale favorise la récolte).

Généralement les pourvoyeuses de propolis la déposent directement sur son lieu d’utilisation, elles colmatent même les fissures par l’extérieur de la ruche ce qui laisse entrevoir d’autres perspectives en terme d’intelligence et de communication. Parfois elles la stockent pour la mettre en réserve.

La récolte par l’apiculteur, du fait des précédentes observations, ne peut être réalisée que de deux façons :

  • soit par grattage des surfaces enduites naturellement, généralement les parois surtout près de l’entrée, la rainure derrière la bande d’écartement et le dessus des cadres.
  • soit en incitant les abeilles à colmater des interstices placés dans la ruche à cet effet (grille à propolis).

Dans le premier cas la propolis dite de grattage ou de raclage peut contenir plus ou moins d’impuretés (cire, bois…) et ce n’est pas la récolte de l’année mais plutôt celle accumulée sur une plus longue période.
Dans le second cas la propolis de l’année est beaucoup plus pure (moins de cire si l’on place les grilles après la miellée) et de meilleure qualité (les essences volatiles sont toujours présentes). Un bon type de grille consiste en deux feuilles de grille à égoutter les fromages superposées. L’extraction de la propolis se fera par temps froid en frappant ces grilles sur une bâche plastique.
Pour éliminer les impuretés et les particules de cire il suffit de bien frotter entre ses mains les morceaux dans de l’eau froide. La propolis coule alors que la cire flotte. Après décantation et égouttage il faut la faire sécher à l’ombre. La conservation doit se faire à l’abri de la lumière dans un lieu frais et sec.

Le poids de la récolte annuelle est variable selon les lieux de production (boisés ou non) et les variétés d’abeilles (la caucasienne propolise beaucoup). Il avoisine les 150 à 200 g par ruche avec les grilles seules.

Les premiers témoignages de l’utilisation de la propolis par l’homme datent de l’Egypte antique et sont constants dans toutes les civilisations tout au long de l’histoire. Que ce soit à des fins médicales ou artisanales.

A ce jour plus de 300 substances actives ont été identifiées dans ce produit complexe. Parmi elles, des composées antibactériens, anti-fongicides, anti-inflammatoire, anti-oxydants, antiviraux… et aussi des flavonoïdes, des acides aromatiques et des esters d’acides aromatiques.

Toutes ces substances ont des effets multiples sur les systèmes nerveux, respiratoire, digestif, immunitaire, musculaire, sur le système reinal… elles ont des effets anti-inflammatoire surtout sur la peau et les muqueuses et ausi des effets cicatrisants (bien connus depuis très longtemps surtout en pharmacie vétérinaire).

La résistance aux maladies est pour beaucoup liée à la forme physique et donc à l’alimentation, à l’exercice physique et au niveau de stress. La vie moderne ne nous permet pas toujours de réguler ces différents facteurs . La propolis semble être un complément alimentaire bénéfique que nous offre les abeilles, sans contre -indications apparentes.

Sans entrer dans des considérations médicales que je suis bien incapable de traiter, dans les nombreux ouvrages qui traitent de l’état des recherches actuellement , (cf bibliothèque du syndicat que je vous invite à consulter) il apparaît que tant sur le plan préventif que curatif, la propolis présente de nombreux avantages.

L’apiculteur est bien placé pour disposer facilement de ce produit tout en ayant l’assurance qu’il soit de bonne qualité. C’est bien sûr la propolis de grille qui présente les meilleurs garanties de fraîcheur et de pureté.

Pour ce qui est des méthodes de consommation ou d’utilisation j’en connais principalement deux faciles à préparer :

  • Solution alcoolique
    • Laisser macérer à l’abri de la lumière la propolis (réduite en poudre à froid) dans de l’alcool alimentaire à 60° environ (l’eau de vie peut convenir), pendant environ 15 jours, puis filtrer pour obtenir un liquide de couleur claire, proche du rouge qu’il faut conserver protégé de la lumière.
    • La consommation régulière et quotidienne de l’équivalent d’une quarantaine de gouttes semble avoir des effets très positifs. La consommation de l’alcoolat de propolis par les enfants n’est pas conseillée. Il est préférable de laisser s’évaporer l’alcool sur un biscuit ou une biscote au préalable.
    • L’alcoolat de propolis peut aussi être utilisé comme produit désinfectant des plaies.
  • Pommade à la propolis
    • Dans 500 g de vaseline (achetée en pharmacie) faire fondre au bain marie une grosse poignée de propolis bien épurée (cf. bulletin n° 54). Attention les vapeurs de vaseline chauffée trop fortement sont inflammables. Filtrer le produit à travers une gaze stérile puis laisser refroidir dans un pot.
    • Cette pommade a une action très favorable sur la cicatrisation.
    • Utilisation non médicale : attire-essaim. Additionnée de quelques gouttes d’essence de citronnelle , la pommade à la propolis est aussi un excellent attire-essaim, bien meilleurs que ceux du commerce.

La propolis peut aussi être mâchée telle quelle, mais elle colle aux dents et au palais et n’a pas un goût agréable.

On trouve dans le commerce de nombreux produits à base de propolis : gomme à mâcher, savons, produits de beauté, dentifrice, alcoolat.

La propolis est aussi utilisée de façon artisanale. Le vernis des violons en contenait et l’on peut toujours utiliser l’alcoolat de propolis de grattage pour vernir les métaux ou enduire les boiseries afin de les protéger ; dans ce cas il faut utiliser de l’alcool dénaturé.

Pour ce qui est de la commercialisation de la propolis, il semble que des laboratoires soient acheteur de produits de qualité. Les prix semblent de plus en plus intéressants surtout si le marché est organisé et les productions centralisées. Ce pourrait être une tâche pour les coopératives apicoles.

Texte : Marc FOUGEROUSE

Bulletin N° 54 Février 2008 et 55 Mai 2008