Techniques de transhumance des ruches

Cela se passe en juin, les 40 ruches quittent la plaine du Forez, pour passer l’été en montagne à 1100 m d’altitude. Cette séance du rucher école, est pédagogique, mais aussi l’occasion d’un bon moment de convivialité.

TECHNIQUES DE TRANSHUMANCE DES RUCHES

Peu nombreuses sont les régions qui permettent de faire plusieurs récoltes successives. Souvent après la miellée principale les ruches sont peuplées d’un gros bataillon de butineuses qui vont ensuite se trouver désoeuvrées.
La transhumance des ruches permet d’exploiter au mieux cette main d’oeuvre tout en apportant plus de satisfaction à l’apiculteur dans la pratique de son activité.

C’est principalement le nombre de ruches, le moyen de transport et la longueur du voyage qui vont déterminer la technique à employer pour la transhumance.

Quelle que soit la façon de procéder il y a plusieurs constantes à ne pas négliger.transhumance_acacia_a1

  • La fumée de l’enfumoir doit être froide et abondante.
  • Il faut éviter de transhumer des colonies en pleine miellée (beaucoup de nectar très liquide).
  • Les ruches doivent pouvoir largement contenir toutes les abeilles (il est préférable de récolter avant et de placer une hausse vide).
  • La ruche doit être adaptée à la transhumance (plancher grillagé, cadres non battants).

A – La transhumance ruche fermée

C’est une technique qui s’adresse surtout aux petits apiculteurs qui utilisent leur voiture (abeilles et conducteurs dans le même habitacle) pour un trajet qui ne dure pas longtemps (1 heure).

  • A la tombée de la nuit ou avant le lever du jour il faut faire entrer les abeilles dans les ruches que l’on ferme avec une bande de mousse ou avec tout autre moyen (ne jamais fermer la veille pour transhumer le matin).
  • Les planchers doivent absolument être grillagés afin que l’air frais empêche les abeilles de s’échauffer en voulant ventiler en vain.
  • Si le chargement est bien arrimé (hausse et corps solidaires) et bien aéré, cette technique ne présente pas d’inconvénient, elle permet en outre de voyager en début de matinée.
  • Si les ruches sont mal adaptées, on risque d’étouffer les colonies fortes.transhumance_06_06_2014_006

B – La transhumance avec « muselière »

 

Cette technique présente les mêmes avantages que la précédente tout en donnant plus d’espace et d’air aux abeilles évitant ainsi l’étouffement en cas de trop forte chaleur ou de voyage trop long.

Il existe une variante : le couvre cadre grillagé que l’on fixe la veille. Dans ce cas il n’est pas nécessaire de placer une muselière à l’entrée, on peut l’obturer avec une mousse.

Remarque : la muselière doit pouvoir permettre aux abeilles de sortir de la ruche et de se regrouper à l’extérieur car trop d’abeilles agglutinées vers l’entrée, attirées par la lumière du jour obturerait l’aération par la masse de leurs corps.

C – La transhumance ruches ouvertes

C’est une technique qui s’adresse surtout aux apiculteurs plus expérimentés qui transportent un bon nombre de ruches à la fois sur une remorque. C’est aussi une technique qui nécessite plus de doigté mais qui donne aux abeilles d’excellentes conditions de voyage. Enfin c’est la technique la plus rapide à mettre en oeuvre qui permet de charger de bonne heure (avant la nuit, sans lampe de poche).transhumance_06_06_2014_005

    • « Entre chien et loup » lorsque les dernières abeilles rentrent il faut enfumer copieusement toutes les ruches du rucher avec une fumée abondante et froide. Puis le chargement peut commencer en prenant soin de toujours enfumer doucement chaque fois que l’on choque une ruche directement ou indirectement. Peu importe si quelques abeilles sont sur la planche de vol. Les dernières butineuses de retour des champs iront dans les ruches voisines non encore chargées.
    • Les vibrations calment beaucoup les abeilles, il est donc nécessaire de laisser tourner le moteur du vehicule pendant toute l’opération.

 

  • Lorsqu’on voyage, les abeilles sont très calmes. Parfois certaines se groupent par paquets à l’extérieur de la ruche.
  • Lorsqu’on s’arrête de rouler ou si le véhicule ralentit beaucoup sur un chemin peu carrossable il se peut que les abeilles sortent en plus où moins grand nombre et courent sur tout le chargement. Il faut prévenir cet inconvénient en enfumant copieusement et globalement tout le chargement. On doit faire de même lorsqu’on s’arrête pour décharger (moteur en marche). Toutes les ruches doivent être en bruissement.
  • Dans de mauvaises conditions (de température de miellée, d’état de la chaussée…) cette technique couramment employée peut devenir très désagréable pour l’apiculteur s’il ne possède pas un enfumoir puissant en parfait état de marche (du chargement ou déchargement) et d’une tenue bien adaptée (bottes, vareuse et ganttranshumance_06_06_2014_017s). Le plus souvent et avec un bon usage de l’enfumoir cette transhumance est une promenade. Néanmoins, il est préférable d’en faire l’apprentissage avec un apiculteur expérimenté.

Conclusion : Quelle que soit la technique employée, il est absolument nécessaire :

  • De calmer les abeilles avec de la fumée froide,
  • de donner le plus d’air possible afin d’éviter les échauffements,
  • de conserver son enfumoir prêt à fonctionner (sans l’éteindre si l’on transhume ruches ouvertes),
  • il est préférable d’utiliser des ruches pastorales et de se faire assister par un collègue,
  • l’abeille du Forez met à disposition de ses adhérents une remorque pouvant contenir 6 ruches au plancher, ainsi qu’une brouette spécialement adaptée au transport des ruches pastorales 10 cadres.

Texte : Marc FOUGEROUSE ; Crédit photos : Michel AYEL

Bulletin N°40 Mai 2003