Mortalités hivernales

Pour analyser les résultats d’un hivernage il faut bien sûr considérer les conditions matérielles (ruches, rucher, isolation), les conditions météorologiques, mais surtout tout ce qui a amené à la préparation de cet hivernage la saison précédente ; c’est-à-dire : la puissance de la colonie, la qualité des réserves de miel et de pollen, la qualité des abeilles hivernantes, la qualité de la reine.

La plupart des apiculteurs maîtrisent bien les conditions matérielles de l’hivernage dans des ruchers qui ont fait leur preuve.
Néanmoins un facteur peut être amélioré.
Il s’agit de l’adaptation de l’espace de la ruche à la taille de la colonie.
L’utilisation de partitions isolantes (stirodur) permet aisément de réduire à 5 ou 6 cadres une ruche trop grande pour un petit essaim et ainsi favoriser l’hivernage et le couvain lors de la reprise de ponte.

Certaines colonies entrent en hivernage avec un faible effectif d’abeilles capables de vivre longtemps en hiver. Pour ce qui concerne les conditions météorologiques, à moins de transhumer dans des régions plus chaudes et plus précoces on ne peut que subir celles qui se présentent.

Certains hiver ne sont pas particulièrement défavorable ni rigoureux et d’ailleurs les abeilles (surtout les souches d’abeilles noires) sont adaptées à des conditions bien plus difficiles ne serait-ce qu’en zone de montagne. Ce n’est certainement pas là que l’on trouvera l’explication essentielle des mortalités mais plutôt dans l’observation des facteurs biologiques.

Les saisons catastrophiques ne permettent généralement pas un développement important des colonies en fin de saison.

Et à moins de circonstances rares telles que : présence de moutardes, renouées du Japon, de lierre pour relancer la ponte en fin d’été et ainsi fournir des abeilles hivernantes de bonne qualité, les abeilles sont entrent souvent en hivernage dans des colonies de petite taille et presque toujours avec des effectifs capables d’hiverner assez faibles.

D’autre part les réserves de pollen nécessaires au redémarrage printanier sont parfois faibles. Les colonies les plus désavantagées par les mauvaises saisons sont les essaims de l’année, les reines n’ayant pas été élevées dans des conditions idéales, leur vitalité n’est souvent pas optimum, compromettant ainsi leur ponte et leur longévité ainsi que le développement de leur colonie.

La majorité des mortalités de fin d’hiver concernent parfois les petites colonies fortement nourries en automne avec à leur tête une reine de l’année.

Elles risquent de s’effondrer en février après la reprise de ponte laissant des ruches lourdes des provisions hivernales non consommées et souvent excessives compte tenu de l’importance des essaims et qui plus est ont souvent et inexplicablement cristallisées.

Ce phénomène sans importance notable pour les colonies normalement peuplées contribuent par contre au dépérissement des plus petites, les enfermant entre deux murs solides et froids trop difficiles à être employés.

Quelles leçons tirer des hivernages catastrophiques ?

Quels progrès de nos techniques apicoles peut-on en espérer ?

  • Les reines doivent absolument être élevées dans de très bonnes conditions (chaleur, nectar et pollen)
  • Les essaims doivent être stimulés si la nature n’y suffit pas.
  • La reprise de ponte de fin d’été doit être favorisée.
  • Les colonies trop petites doivent être réunies.
  • Les colonies un peu faibles en effectif doivent être partitionnées et très bien isolées.
  • Les provisions d’hivernage doivent être de bonne qualité, le miel étant l’idéal.
  • En cas de réserves insuffisantes en pollen un complément protéiné peut être apporté tôt en saison.
  • Il va de soi que la maîtrise parfaite du traitement de la varroase est essentiel pour une bonne longévité des abeilles d’hiver. Les traitements trop tardifs ou fantaisistes sont à proscrire.

Marc FOUGEROUSE