La nosemose

La nosémose est une maladie parasitaire qui touche les trois castes d’abeilles (Mâles, Ouvrières et Reines). C’est une maladie qui est répandue dans le monde entier (Europe, Australie, Etats Unis…). Elle est classée maladie contagieuse M.R.C. depuis 2004.

1 – L’agent causal est Noséma Apis Zander

Il se présente sous deux formes :

  • Une forme de résistance, c’est à dire la spore, ce qui assure au parasite le passage d’un hôte à l’autre. La forme sporulée permet une conservation dans le temps.
    • 32 heures au soleil.
    • 4 mois dans le miel.
    • 1 mois dans les cadavres d’abeilles.
    • 1 an dans les excréments.
  • Une forme végétative, c’est la spore qui donne naissance à un germe qui va suivre le filament pour s’établir dans une cellule du ventricule et se multiplier. A l’éclatement de la cellule, les spores seront libérées à l’intérieur du ventricule.

2 – Actions du parasite

Comme on l’a vu précédemment il y a contamination des cellules du ventricule, les germes se développent à l’intérieur et finissent par faire éclater celles-ci. Les cellules saines diminuent de volume. La Nosémose crée des désordres dans la digestion et une baisse du taux de protéine dans l’hémolymphe. La teneur en acides aminés de l’hémolymphe diminue également ainsi que l’azote du corps gras. De plus les glandes hypopharyngiennes régressent et montrent un vieillissement prématuré.
Les glandes cirières sont aussi moins développées et les ovaires de la reine peuvent s’atrophier. Pour régénérer les cellules lésées, l’abeille a besoin de protéines, si elle est confinée, elle puisera dans le corps gras. C’est ainsi que l’on retrouve des abeilles affaiblies qui ne sont plus en mesure d’assurer leur rôle.

3 – Causes favorisantes

  • Les conditions climatiques avec des hivers longs et humides entraînent un confinement prolongé de l’abeille à l’intérieur de la ruche et par conséquent une dissémination active du parasite et l’arrêt des apports alimentaires nécessaire au bon développement de l’abeille.
  • La pollution chimique : pesticides… etc.
  • Les conditions d’élevage :
    • Faiblesse des colonies.
    • Age des reines.
    • Non renouvellement des cires.
    • Interventions trop fréquentes.
    • Essaimage artificiel trop abondant.
    • Nourrissement trop tardif.
    • Taux d’infestation du Varroa.
  • L’âge de l’abeille. Une abeille jusqu’à 15 jours est jugée non réceptive car le renouvellement de ses cellules serait plus rapide.

4 – Symptômes :

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  • Dépopulation à l’intérieur de la ruche.
  • Abeilles traînantes au sol.
  • Abeilles accrochées aux brins d’herbes.
  • Abdomen gonflé.
  • Des traces de diarrhée plus ou moins importantes à l’intérieur et à l’extérieur.
  • Diminution de l’activité, de la récolte de miel, de la durée de vie des abeilles et de la production de couvain et de la grappe.
  • Regroupement des abeilles en forme de soleil pour mourir à l’intérieur de la ruche sur les cadres .

5 – Epidémiologie

L’infestation de l’abeille se fait par voie buccale, par ingestion de spores lors des échanges de nourriture. L’infestation s’établit également par les excréments qui ont été faits à l’intérieur de la ruche. Ainsi le nettoyage et les échanges entre abeilles va disséminer les spores.

6 – Remarques

Les scientifiques constatent ces dernières années la présence de Nosémose sans traces de diarrhée. Ce qui lui vaut le nom de Nosémose sèche.

7 – Conduite à tenir.

    • Mesure de prophylaxie.
      • Stimuler l’élevage de couvain au début de l’automne.
      • Eviter d’hiverner avec du miel de miellat.
      • Isoler les ruches du froid et de l’humidité.
      • Nourrir au début d’automne.
      • Surveiller les provisions en pollen.
      • Eviter les refroidissements de la ruche par des visites trop tôt, trop longues, pose de hausses trop tôt, essaims trop faibles.
      • Regrouper les colonies faibles.
      • Posséder des jeunes reines.
      • Renouvellement des cadres.
      • Ne pas surexploiter les colonies.
      • Empêcher la dérive et le pillage.
      • Désinfection du matériel et des planchers des ruches au chalumeau.
      • Lieu d’hivernage sec et ensoleillé.
      • Traitement préventif de la nosémose en acidifiant le sirop de nourrissement d’hiver avec de l’acide acétique.
        Il suffit d’ajouter 6ml d’acide acétique 100% par litre de sirop ou verser un litre de vinaigre dans 10 litres de sirop.
    • Traitement :
      • Actuellement, aucun médicament n’a une AMM* en France. Le FUMIDIL B utilisé autrefois a vu son AMM retirée en janvier 2002.
      • En 2003, la F.N.O.S.A.D. (Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales) et d’autres structures apicoles françaises soutenaient le dossier d’établissement de la LMR* par les laboratoires CEVA (qui commercialisent encore le fumidil B en Espagne). En 2005 une réponse venait de l’administration dont l’interprétation suivante en a été faite au congrés de la F.N.O.S.A.D. à Evreux : la LMR de la fumagilline est à l’étude.
        Cette étude devrait durer 16 mois après accord de l’Agence Européenne des Médicaments ». (Source : Santé de l’Abeille N° 211 , janvier-février 2006).
      • Avant 2002 les colonies faibles étaient détruites et les colonies fortes pouvaient être traitées avec l’antibiotique Fumidil B. Le protocole existant à cette époque était de nourrir la colonie avec un litre de sirop par ruche, auquel on avait incorporé 25 milligramme de matière active. Ce traitement était à réaliser hors miellée pendant quatre semaines.

Texte : Thierry BONNARDEL   Crédit photos : Michel Ayel.

* AMM : Autorisation de Mise sur le Marché. * LMR : Limite maximale de résidus.

Bulletin N°49 Mai 2006