Apithérapie : La gelée royale

C’est en 1672 qu’un savant hollandais découvre l’existence de la souveraine des abeilles car jusqu’au XVIIème siècle, notre reine était un roi ! Des observations plus poussées de cette femelle sont réalisées en 1740 mais il faudra attendre 1788 pour entendre parler de « gelée royale ». Véritable « caviar de la ruche », la gelée royale est une substance sécrétée par les glandes pharyngiennes et mandibulaires des jeunes nourrices de 2ème semaine (entre le sixième et le quinzième jour de leur existence). Produit blanchâtre aux reflets nacrés, de saveur chaude, sucrée et acide, la gelée royale sert de nourriture à toutes les larves de la colonie au cours des trois premiers jours qui suivent leur naissance et à la reine durant toute sa vie. Le phénomène est étonnant : le nourrissement des larves des cellules royales durant trois jours supplémentaires va permettre un développement des organes sexuels de la reine dix fois plus important que chez les ouvrières. De même, la longévité exceptionnelle de la reine continue de nos jours à nourrir le mystère des vertus de la gelée royale.

Composition et propriétés thérapeutiques

La gelée royale contient 66% d’eau, 14% de glucides, plus de 10% de protides, 5% de lipides et 3% de matières indéterminées. Elle présente des propriétés intéressantes pour la mémoire.Un seul gramme de gelée royale renferme jusqu’à 1 mg d’acétylcholine, un neurotransmetteur majeur qui commande la capacité de mémoriser une information, de la stocker et de la retrouver si besoin. Elle contient également un facteur antibactérien, des hormones sexuelles telles que l’oestradiol, la testostérone et la progestérone, mais aussi une gammaglobuline dont les propriétés lui permettent de jouer un rôle dans la résistance aux maladies.

La gelée royale est immunostimulante ; c’est un véritable concentré de vitamines, notamment celles du groupe B et en particulier la vitamine B5 que l’on nomme acide pantothénique et dont la gelée royale est la source naturelle la plus riche. Cette dernière confère à la gelée royales les propriétés de renforcer le terrain contre des agressions diverses et retarde les effets du vieillissement de manière générale (ongles, poils, cheveux). La gelée royale est aussi reconnue pour ses propriétés érythropoïétiques, lesquelles incitent la moelle osseuse à produire des globules rouges. Ce faisant, elle fait des merveilles chez les personnes âgées souffrant d’anémie fonctionnelle. Chez l’adulte en bonne santé, elle procure un renfort dans les capacités physiques, intellectuelles et sexuelles. Elle améliore certains symptômes rénaux notamment chez la femme enceinte ; chez l’enfant prématuré, elle agit comme un véritable soutien à sa croissance.

L’efficacité antibiotique de la gelée royale est très puissante sur les colibacilles (Proteus et Escherichia coli) et sur le bacille de Kock responsable de la tuberculose. Elle est antivirale à des doses beaucoup plus élevées (de 5 à 6 grammes par jour).

Ses performances ont été vérifiées sur certains cas de grippe et sur l’herpès. Toutefois, à ces taux, elle peut engendrer des risques de troubles hormonaux ; il est important de contrôler leur apparition.

Une contre-indication majeure existe avec la gelée royale, notamment chez les personnes qui ont eu un cancer hormonodépendant ou hormonosensible, c’est à dire un cancer où les hormones jouent un rôle dans la prolifération des cellules cancéreuses, tel que les cancers du sein ou de l’utérus. Par mesure de précaution, la consommation de gelée royale est donc interdite pour ces personnes car même s’il n’existe pas encore de réelles preuves, les connaissances que nous avons de la gelée royale nous indique qu’elle est « hormone-like », autrement dit elle risque de développer la production d’hormones. La gelée royale est reconnue pour ses effets de facteur de croissance car elle stimule la multiplication des cellules normales mais peut tout aussi multiplier les cellules cancéreuses, posant un problème de croissance de la tumeur. Toutefois, ce fait n’est pas démontré à ce jour.

Bien souvent, avec l’affaiblissement général de l’organisme s’ensuit une fatigue psychologique, un état dit d’apathie. Selon l’importance des troubles ressentis, sentiment d’usure, perte de moral, dépression, la gelée royale peut être consommée seule ou associée à des traitements pharmacologiques. Quand elle est utilisée en synergie avec du pollen et du pain d’abeilles, on obtient des propriétés bénéfiques sur certains états anxieux, phobiques, sur les troubles de l’humeur et certaines formes d’insomnie. Chez les personnes âgées, elle améliore la résistance aux angoisses et aux contrariétés. Ainsi, la gelée royale est particulièrement indiquée après une opération chirurgicale, dans les états de fatigue liés aux maladies, mais aussi en cas de dépression mineure. Un de ses intérêts réside dans le fait qu’elle permet de réduire la dose des médicaments généralement préconisés.

Riche en flavonoïdes (anti-oxydants), la gelée royale contient aussi de l’acétylcholine. Sa composition fait d’elle un régulateur de la tension quand celle-ci est trop faible, elle vient renforcer la puissance de contraction des fibres musculaires cardiaques, améliorant ce faisant le retour d’une tension suffisante. Son effet est léger mais la gelée royale intervient également dans le traitement du cholestérol. Des études menées sur l’artériosclérose ont mis en lumière son efficacité associée à un régime pauvre en graisses et en sucres. Les résultats observés décrivent une réduction de la plaque d’athérome formée par le dépôt de cholestérol oxydé dans les artères.

Associée avec le miel, la gelée royale traite l’alopécie, cette combinaison stimule la repousse du poil et le renforce. Le traitement consiste alors en des massages du cuir chevelu avec un mélange de miel d’acacia ou de lavande et de gelée royale. Parmi ses autres applications, on la retrouve également en rhumatologie pour ses propriétés analgésiques qui se révèlent intéressantes pour soulager les douleurs.

Consommation

Substance unique et rare, les bienfaits de sa consommation permettent à l’organisme de se prémunir d’un grand nombre de pathologies. La gelée royale peut notamment être consommée à la fin d’un traitement antibiotique pour permettre à la flore intestinale de se régénérer suite aux agressions chimiques des médicaments.

Les traitements à la gelée royales se font soit sous forme de cure d’attaque, soit d’entretien et elle peut être consommée soit en prévention, soit en convalescence. En cure d’attaque, les prises quotidiennes doivent varier de 1 à 5g pour atteindre une concentration systémique efficace. Lors d’une cure d’entretien, la posologie conseillée est de 0.3 à 1g par jour. La prise doit avoir lieu de préférence le matin mais ne nécessite pas d’être à jeun. Son absorption se fait sous la langue, par voie sublinguale, où elle est assimilée en grande partie en quelques minutes.

A toute la délicatesse que nécessite sa récolte s’ajoute la fragilité de la substance et la difficulté de conservation. Pure et fraiche, la gelée royale nécessite d’être protégée de la lumière. Elle est conditionnée en petits pots de verre de 3, 5, 10 et 20g.

Le consommateur devra être vigilant quant à sa provenance car de nombreux produits sont importés et décongelés, ne garantissant plus toutes ses qualités. A l’instar de tous les produits de la ruche, un label « bio » est un gage de qualité. Une des techniques de conservation serait de l’incorporer à du miel, dans une proportion variable : 2 à 8g de gelée royale pour 100g de miel.

Texte : Alexandra VEY ; Mise en page : Vincent GUILLOT – 2018-03-18