Les partitions chaudes

Intérêt et utilisation

Tout apiculteur conçoit qu’un essaim d’abeilles est mieux logé dans une ruche à sa dimension, qu’il s’y développera mieux et plus rapidement.
Nous disposons bien sûr de plusieurs dimensions de ruches : des ruchettes de 4, 5 ou 6 cadres et des ruches de 10 ou 12 cadres. Généralement on travaille avec un seul modèle de ruchette et un seul modèle de ruche et on ne passe pas notre temps à transvaser les colonies.

Les partitions permettent d’adapter le contenant à la grosseur de la colonie en les déplaçant lors des visites.
Le cadre partition en bois joue très bien ce rôle. Il permet par exemple de loger un petit essaim dans un corps 10 cadres en le resserrant sur 5 cadres les premiers jours puis en augmentant le volume nécessaire progressivement. On fait ainsi l’économie d’une ruchette et d’un transvasement.

Les partitions chaudes

Si le cadre partition bois confine et isole assez bien en évitant des déperditions de chaleur, on peut améliorer encore l’isolation avec les partitions utilisant des matériaux modernes tel le polystyrène extrudé.
Le polystyrène extrudé permet de réaliser facilement et rapidement des partitions très efficaces. Il suffit de découper à la dimension intérieure de la ruche une plaque de 2,5 cm d’épaisseur de styrodur (la hauteur ne devant pas excéder la hauteur au-dessus des crampillons). Si ce matériau est recouvert d’origine d’une feuille aluminium cela en évitera le grignotage par les abeilles. Un essaim confiné lors de l’hivernage dans un espace proportionné à sa taille par de telles partitions consommera beaucoup moins de provisions, développera mieux et plus précocement son couvain et verra la longévité des ouvrières accrue.
Cela permet d’hiverner avec réussite des colonies jugées autrefois trop faibles pour passer la réclusion hivernale. Pour être efficaces les partitions chaudes doivent être jointives au corps de ruche aussi bien sur les côtés que sur le dessus afin d’éviter les déplacements d’air entre la zone habitée et la partie vide.

Les partitions chaudes réflexives

Les nouveaux matériaux d’isolation permettent aussi de réaliser des partitions qui évitent non seulement les déperditions par conduction (pont thermique) ou par convection (courant d’air) mais qui permettent de renvoyer vers la grappe le rayonnement infra-rouge qu’elle émet. Il s’agit des matériaux utilisés dans l’habitat derrière les radiateurs. La couche d’aluminium micronisé à la surface du film polyéthylène renvoie le rayonnement infra-rouge vers sa source permettant ainsi une plus grande économie d’énergie. Certains apiculteurs poussent même l’utilisation de ce produit en entourant totalement la colonie.

La fabrication de cadres partitions à forte performance utilisant les films thermo-réflecteurs a été décrite par Marc Guillemain. Il s’agit d’emballer un cadre standard préalablement rempli d’une plaque isolante dans une feuille ayant des propriétés thermo-réflexives tout en ayant soin de réaliser des bourrelets suffisamment souples pour obturer tous les espaces. Seule la communication est autorisée sous le cadre.

Les étapes de la fabrication d’une partition réflexive

  1. On visse un styrodur d’épaisseur 25mm et de dimensions 435 x 290 mm contre une barrette de bois de section 25 x 10 mm et de longueur 470mm. On pose l’ensemble sur une feuille d’isolant du type « isolant réflectif de porte de garage » de dimensions 500 x 700 mm environ :
  2. On agrafe soigneusement l’isolant réflectif sur la barrette en bois :
  3. On retourne l’isolant réflectif sur l’autre face du styrodur:
  4. On entaille les deux faces de la feuille aluminisée jusqu’au bord du styrodur :
  5. On applique un ruban d’aluminium adhésif (vendu au même rayon que l’isolant mince) sur le raccord horizontal … :
  6. … et sur les raccords verticaux :
  7. Les « oreilles » du cadre sont entourées  de chatterton afin d’éviter toute amorce de fissure et d’interdire le passage des abeilles qui dégraderaient rapidement le styrodur :
  8. On coupe l’excédent à ras de la barrette en bois :
  9. L’hiver peut arriver :

Conclusion

La période hivernale est pour l’apiculteur l’occasion de se pencher sur le problème de l’isolation afin d’améliorer ses pratiques, le confort des abeilles et les performances de son rucher.

La réalisation de partitions à hautes performances énergétiques est aisée et peu onéreuse. Leur utilisation n’est pas réservée à la mise en hivernage ou lors de la réalisation des essaims artificiels. On peut s’en servir à tout moment de l’année, même en hiver lorsqu’on s’aperçoit qu’un essaim est très petit (lors du traitement à l’acide oxalique par dégouttement par exemple ou très tôt au printemps).

Texte : Marc FOUGEROUSE ; Mise en page : Vincent GUILLOT – 2017-11-24