Apithérapie : la propolis

Longtemps appelée la « cire noire », le nom de propolis nous vient des grecs et signifie « en avant de la ville ». Plus chère que le miel à l’époque romaine, elle prend place dans les paquetages des légionnaires tel un puissant désinfectant. Pendant longtemps, on pense qu’elle est produite par les abeilles mais en définitive elle tire son origine de la fine pellicule résineuse qui recouvre les bourgeons.

Elle est récoltée par les butineuses les plus âgées, au début du printemps et de l’automne sur les bouleaux, les aulnes, les marronniers d’Inde, les chênes, les peupliers, les saules et les écorces d’épicéas.

Grace à ses mandibules, l’abeille découpe cette résine en petits fragments, pour ensuite les rapporter à la ruche dans les corbeilles de ses pattes postérieures. Une fois mélangée aux sécrétions salivaires des ouvrières et à une proportion de cire, cette résine devient propolis et sera utilisée comme un mastic.

Comme une véritable armure, elle sert à sceller les joints de la ruche, à boucher les trous et à fixer les éléments instables.

Au premier froid, elle permet de réduire le trou de vol, limitant ainsi l’accès aux gros prédateurs. Les abeilles en enduisent même l’intérieur des alvéoles destinées à recevoir les œufs, le pollen et le miel.

La propolis sert aussi à momifier les cadavres des souris et autres intrus tués au sein de la ruche. Trop imposants pour être évacués, ils sont embaumés de propolis, laquelle éradique tout problème de putréfaction.

 

 

Substance résineuse, balsamique et gommeuse lorsqu’elle est à température de la ruche (35°c), la propolis est tout aussi précieuse à l’apiculteur, en dépit des difficultés qu’il aura à décoller les éléments de la ruche lors de ses visites.

Vendue environ 20 euros les 100 grammes, il est possible de récolter par ruche une moyenne annuelle de 100 à 300 grammes de propolis.

Les spécificités biochimiques des différentes propolis ont fait l’objet de nombreuses recherches, lesquelles ont abouti à un classement de cette dernière par couleur (vert, rouge, brune, noire) déterminant pour chacune leur orientation thérapeutique.

Les propriétés de la propolis sont extrêmement étendues : véritable antibiotique naturel voire bactériostatique sur certaines souches, elle est aussi antivirale, antifongique, anti germinative, cicatrisante, anesthésiante, antioxydante et anti-inflammatoire. Capable d’agir sur les streptocoques, staphylocoques, bacilles, salmonelles, la propolis a un spectre d’action incroyablement large.

En comparaison à ses homologues chimiques, elle offre l’avantage de n’induire aucun effet indésirable, ni aucune résistance dans l’organisme. On obtient ses plus intéressants éléments thérapeutiques en dissolvant les morceaux de pâte dans de l’alcool de qualité pharmaceutique puis en évaporant ce dernier. Parmi eux, les flavonoïdes, lesquels exercent une puissante action antivirale lorsqu’ils sont combinés à des molécules aromatiques. Ainsi sublimée la propolis permet de soigner la grippe et les maladies de la sphère ORL mais également l’herpès, l’hépatite B, le zona…

Efficace dans le traitement des affections buccales, oculaires et respiratoires, elle possède également des vertus thérapeutiques pour lutter contre les champignons pathogènes. En dermatologie, la propolis permet de soigner mycoses, furoncles, herpes, zona, acné, brûlures, escarres, ulcères variqueux, psoriasis, alopécie, verrues, eczéma…. Dotée de vertus anesthésiantes locales trois fois plus efficaces que les anesthésiques courants, elle est très efficace contre les piqûres d’insectes.

 

 

De nombreux chercheurs étudient le CAPE (ester phényléthylique de l’acide caféique), l’un des composants majeurs de la propolis connu depuis 1979. Alliée des traitements lourds, les propriétés anti-mitogènes de la propolis sont capables de ralentir le développement des cellules cancéreuses, réduire les effets secondaires des chimiothérapies et aussi de potentialiser les traitements chimio et radiothérapeutiques, d’améliorer l’immunité et le confort du malade et de stimuler la régénération cellulaire.

La propolis, comme tous les produits de la ruche utilisés pour leurs usages thérapeutiques sont récoltés selon un cahier des charges rigoureux afin d’obtenir des produits médicinaux de qualité.

Ainsi la propolis n’est plus obtenue en grattant les cadres et les parois de la ruche comme par le passé, mais elle est récoltée sur des gilles en plastique ou en acier inoxydable, ou sur des toiles en synthétique ou bois.Les grilles plastiques sont grattées, alors que celles en toiles sont enroulées et placées au congélateur. Les normes correspondent à des obligations de qualité. Une attention particulière est portée sur les zones de butinage qui doivent être « sauvages », c’est à dire éloignées des zones de cultures traitées.

 

La propolis existe sous diverses formes : en granules, en poudre, pâte à mâcher, aérosol, gélules, ovules, suppositoires, pommade, onguent, dentifrice, lotion, en teinture mère ou en extrait mou ou dur. En granule ou en poudre la posologie est de 3 g par jour avant chacun des trois repas. Elle est prise avec un peu d’eau. Lorsqu’elle est consommée sous forme de pâte à mâcher, la sensation de chaleur et de picotement peut être ressentie dès les premiers instants de la mastication, il est alors conseillé de l’arrêter et de la reprendre une heure plus tard. En aérosol, la prise se fait après les repas, le spray doit alors être pressurisé en fond de gorge. La teinture mère officinale peut être prise soit par voie interne, soit en traitement local. Par voie interne, elle peut être consommée sur un morceau de pain ou diluée dans l’eau, la posologie varie de 20 à 40 gouttes trois fois par jour. Son application peut aussi être locale, réalisée par tamponnement, badigeonnage, gargarisme ou inhalation.

Considérée comme un médicament en Allemagne et en Suisse, la propolis a été intégrée au programme « Nutrition et santé » de l’OMS. Efficace contre les agents infectieux, ce produit de la ruche ne demande qu’à être valorisé. La demande des laboratoires et des consommateurs est toujours croissante et sa récolte pourrait constituer une ressource complémentaire pour les apiculteurs.

Quelques recettes à base de propolis
Pommade cicatrisante à la propolis
  • 45 g de cire
  • 30 ml de teinture de propolis
  • 30 ml de teinture de propolis
  • 25 ml d’huile (olive, amande douce ou argan…)
Propomiel
  • en interne 10 gramme de teinture à 25% pour 100 g de miel
  • en externe 2 gramme de teinture à 25% pour 100 g de miel

Texte et illustrations : Alexandra VEY – Mise en page : Vincent GUILLOT

Bulletin n°85 - Mai 2018