Le miel d’acacia

Le miel d’acacia est certainement le miel de cru le plus connu du fait de ses qualités esthétiques, organoleptiques mais aussi poétiques.
La couleur très claire allant du jaune très pâle tirant parfois sur le vert au jaune paille, sa limpidité, sa luminosité éclatante et son état toujours liquide en font un produit attractif qui laisse supposer un arôme très subtil. Ce qui est d’ailleurs le cas.

L’intensité aromatique est faible ce qui en fait un miel souvent utilisé pour sucrer les infusions et les plats. D’autre part sa sucrosité est plus élevée que celle des miels de fleurs en général du fait de sa forte teneur en fructose.

Sa faible acidité apparente en fait un produit apprécié par beaucoup, même si d’autres le considèrent comme un miel trop discret.

Certaines années le miel d’acacia est si clair que l’on n’y distingue presque pas de couleur. Certaines autres années quelques traces d’une miellée concomitante le teinte et lui apporte des arômes supplémentaires qui font aussi partie de ses caractéristiques.

Le miel d’acacia fait aussi référence à ses origines florales : Le robinier faux acacia dont tout le monde connaît la floraison blanche, abondante et agréablement parfumée qui laisse supposer des qualités du même registre quant au produit qu’en tirent les abeilles au printemps.

Du fait de sa composition en sucres il a la particularité de cristalliser difficilement et tardivement sans que la cristallisation arrive à son terme. Ainsi on le conserve longtemps à l’état liquide sans avoir besoin de le chauffer.

La miellée d’acacia est une miellée délicate : Elle est très sensible aux conditions climatiques et la fragilité des fleurs, tant face aux gelées, au vent, au soleil brûlant qu’à la sécheresse de l’air, peut la compromettre. Les bonnes années sont rares et l’apiculteur doit mettre à profit toute son expérience pour l’aborder. Les acacias fleurissent de fin Avril à fin Mai dans notre région et les colonies doivent être préparées pour cette miellée parfois courte, parfois abondante et parfois les deux. Ce n’est pas chose aisée car c’est aussi la période de l’essaimage naturel. Il faut souvent jongler entre l’accélérateur et le frein.

Lorsque les conditions sont réunies : belle floraison, conditions météorologiques favorables, développement des colonies optimum, la miellée peut être spectaculaire (une à deux hausses par semaine) et elle doit être abordée et suivie avec beaucoup d’attention.

Avant le début il faut récolter tous les cadres qui contiennent du miel de printemps qui pourrait  »polluer  » ce miel de cru mais souvent les colzas ne sont pas fanés lorsque les acacias fleurissent.

Il est préférable d’équiper les ruches de deux hausses vides avec des cadres déjà bâtis dès le début afin de prévenir l’essaimage mais aussi pour offrir aux abeilles une bonne surface pour concentrer les apports de nectar qui peuvent être massifs. La pose des hausses supplémentaires ne doit pas être trop tardive au risque de bloquer les corps et il est préférable de les rajouter par dessous les hausses en cours de remplissage. Cela favorise d’ailleurs le travail de maturation ainsi que la récolte partielle.

Lors de la miellée d’acacia les abeilles s’y consacrent principalement tant elle est attractive et la cire qu’elles produisent pour épaissir les cadres est très claire du fait des pollens présents à cette époque.

Lorsque la miellée se termine il est bon que la hausse la plus proche du corps ne soit pas bloquée afin de permettre aux abeilles de remonter les derniers nectars qui engorgent les cadres de corps, car la saison n’est pas terminée, et pour que la ponte de la reine ne soit pas freinée.

La récolte des cadres peut être partielle ou totale suivant le degré de maturité du miel. Celle-ci s’effectue surtout à la fin de la miellée lorsque les apports de nectar se tarissent.

Après la floraison des acacias la saison n‘est pas terminée et d’autres miellées vont lui succéder (tilleul, châtaignier, ronce, parfois miellat …). Il est donc impératif de récolter avant que ces miels se mélangent à la récolte d’acacia.

Si la récolte n’est pas suffisamment mûre il est souhaitable de la déshumidifier avant l’extraction. D’ailleurs une onctuosité accentuée ne nuit pas à ce miel. Cela lui confère un peu de mâche et lui permet de mieux tenir sur la tartine. 17% d’humidité est un bon compromis apprécié par le consommateur.

L’extraction du miel d ‘acacia ne présente pas de difficultés particulières si ce n’est qu’il faut éviter de lui conférer des goûts exogènes auxquels il est très sensible (caramel, fumée, odeur de local fermé …)

C’est seulement après l’extraction que l’on se rend vraiment compte de la qualité de la récolte en appréciant particulièrement sa couleur.

Le robinier faux acacia est une espèce invasive qui colonise rapidement les talus, les bords de route et les rives des ruisseaux au plus grand bonheur des apiculteurs. Sa culture est entretenue dans certaines régions pour la production de piquets de bonne longévité et dans certains pays de l’Est-il est cultivé abondamment pour ses qualités de bois d’œuvre. De ce fait le miel d’acacia de Hongrie est particulièrement réputé. Il concurrence sans difficulté le miel d’acacia produit en France.

Marc FOUGEROUSE

Bulletin n°82 Mai 2017