Après la récolte

La récolte des miels d’été marque bien la fin de la saison apicole : c’était le but à atteindre.
Tout ce qui se passe désormais au rucher est de l’ordre de la préparation des colonies à la prochaine saison qui est alors le nouvel objectif. C’est une période essentielle pendant laquelle tout se joue. Plusieurs étapes vont désormais marquer le cheminement jusqu’à l’hivernage. Néanmoins, après l’extraction des dernières hausses deux tâches sont à ne pas négliger :

  • Les hausses, après avoir été mises à lécher soit sur les colonies elles-mêmes, soit en plein air à bonne distance du rucher car il s’agit là d’un pillage, doivent être stockées pour la saison prochaine à l’abri de l’humidité, des rongeurs et de la fausse teigne.La meilleure façon, la plus efficace et la plus économique, consiste à les empiler à l’extérieur et à l’ombre en cheminée d’une dizaine, de telle façon que l’air puisse circuler aisément dans la pile de bas en haut. Un grillage fin ou une grille à reine au sommet et au bas de la pile empêchera les souris de faire du dégât.
  • Quant à la cire d’opercule récupérée après l’extraction, elle est d’une très grande valeur autant par son prix que par la rareté de sa qualité. Elle devra être traitée avec application pendant l’hiver pour fournir les premières gaufres utilisées au printemps.

Les colonies, quant à elles, devront être préparées de façon à avoir un maximum de chance d’être fonctionnelles après l’hivernage.
La priorité est au traitement de la varroase car à ce stade du cycle biologique annuel (CBA) le taux d’infestation est maximum alors que la ponte de la reine est très ralentie. Le couvain est alors très infesté. Les abeilles qui en émergent ne sont donc pas de la meilleure qualité pour affronter la longueur de l’hivernage qui les attend. La rigueur apportée à cette tâche est alors essentielle.
La seule contre-indication à un traitement dès la mi-août est la poursuite de la récolte sur des miellées tardives (sapin,callune, renouée) mais un traitement à base d’acide formique ou d’acide oxalique peut permettre alors de faire baisser la pression des varroas.
Favoriser la naissance d’abeilles saines et nombreuses est le gage d’une bonne sortie d’hivernage. La stimulation de la ponte est donc indiquée pour y parvenir.
L’âge de la reine est bien sûr primordial et les mères de plus de deux ans doivent être remplacées si les abeilles ne l’ont pas déjà fait alors même qu’elles paraissent encore très bonnes (il faut les changer tant qu’elles vont bien). On trouve alors tout l’intérêt de posséder quelques nucléi abritant des jeunes reines en ponte plus proléfiques, sélectionnées et élevées pendant la saison.
La technique est simple : il s’agit de chercher et de supprimer la reine à renouveler (d’où l’intérêt du marquage). Après un orphelinage de 24 à 36 heures la nouvelle jeune reine en ponte est introduite en cage avec candi et sans accompagnatrices sur la tête des cadres au-dessus du nid à couvain. Elle sera libérée par l’apiculteur après 48 heures d’acclimatation (on peut aussi choisir la libération par les abeilles après consommation du candi).
Si la colonie à remérer est puissante elle peut être divisée en deux et ainsi fournir deux essaims si l’on dispose de jeunes reines en quantité suffisante.
Bien entendu ces colonies doivent être stimulées avec un sirop léger et un apport de protéines sous forme de pollen par exemple.
La relance de la ponte (avec ou sans remérage) doit être impérativement liée au traitement de la varroase.

Tout en relançant la ponte afin d’accroître le bataillon des abeilles d’hiver il faut commencer à renforcer les provisions d’hivernage si elles ne sont pas suffisantes. 12 à 15 kg seront nécessaires après le 1er novembre pour atteindre sans encombre la floraison des merisiers et seule la pesée totale permet d’apprécier avec exactitude l’état des provisions. Le nourrissement dans ce cas doit être massif avec un sirop concentré et l’appoint peut être réalisé tardivement pour atteindre environ le poids total de 34 kg. L’utilisation du candi doit être réservé au nourrissement hivernal si nécessaire.

Lors de la visite de mise en hivernage les colonies doivent être recentrées si besoin afin de pouvoir accéder aux provisions des deux côtés. Les colonies à la population peu nombreuse doivent impérativement être partitionnées afin de les isoler dans un espace plus restreint adapté à leur taille. Le transvasement en ruchette peut aussi convenir. Cela leur permettra de mieux passer l’hiver et un meilleur redémarrage au printemps.

Les colonies trop faibles ainsi que les orphelines seront éliminées et réunies aux ruches voisines. Leurs provisions seront distribuées.

Avant l’arrivée des grands froids les ruches devront être adaptées aux conditions hivernales : l’isolation sous les toits doit être optimisée, les entrées seront réduites pour prévenir les dégâts des rongeurs, les planchers trop grillagés seront partiellement obturés et une légère inclinaison vers l’avant évitera à la pluie de ruisseler à l’intérieur.

Dans de telles conditions les colonies pourront attendre le traitement hivernal à l’acide oxalique qui ne sera appliqué que pendant la période sans couvain, généralement en décembre (voir le fil rouge du 10 12 2016 ). A cette occasion, les ruches étant très brièvement ouvertes, les colonies seront très rapidement observées et certains problèmes pourront être ainsi solutionnés : manque de provisions accessibles, colonies trop petites à partitionner rapidement …
Ce ne sera que dans la première quinzaine de février en plaine que l’état des provisions sera contrôlé.

Dans les ruches pastorales Dadant 10 cadres en dessous de 25 kg au 15 février il faut apporter un complément de provisions pour atteindre les premières entrées de nectar. Dans ce cas le candi est indiqué.
Lors de la mise en hivernage des colonies, toutes les conditions réunies détermineront le futur de ces colonies. C’est donc de ces préparatifs d’après la récolte que dépend en partie la saison à venir. Le plus grand soin doit donc y être apporté.

Texte : Marc FOUGEROUSE ; Mise en page : Véronique Siméon – 2017-12-16

Bulletin n°81 Février 2017