La consommation hivernale

Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, sauf les apiculteurs bien sûr, les abeilles n’hibernent pas, mais elles hivernent.
Elles ne sont donc pas en état de léthargie mais en activité, ralentie certes, mais en activité ce qui fait que dans cette situation elles se nourrissent tous les jours.

Que consomment-elles et quelles quantités ?

A l’état sauvage la colonie consomme les réserves qu’elle a amassées pendant l’été précédent, ce qui lui est amplement suffisant sinon l’abeille aurait disparu de la surface de la terre il y a longtemps. Et ce qui explique qu’à l’état de colonie conduite par l’homme, celui-ci puisse en prélever une partie.
Cependant cette récolte ne doit pas mettre en péril la survie de la colonie et lors de la visite de mise en hivernage ou visite d’automne, l’apiculteur devra apprécier la quantité de provisions dont disposera la ruche pour passer la mauvaise saison.
Cette quantité est estimée à environ 12 kg, (à considérer plutôt comme un minimum) pour une colonie de force moyenne et pour notre région.
Une colonie faible, resserrée sur 6 à 7 cadres, ou une colonie en ruchette à 5 cadres devra avoir au moins 7 kg.

La consommation durant la période hivernale varie en fonction des conditions climatiques bien sûr, mais aussi et surtout en fonction du cycle biologique de la colonie.
Pour une colonie de force moyenne les données suivantes sont communément admises.

Mois Consommation Mois Consommation
Octobre
Novembre
Décembre
Janvier
2,3 kg
1,3 kg
0,9 kg
0,9 kg
Février
Mars
Avril
1,3 kg
2,3 kg
4,1 kg

(Sources : « Le nourrissement » Michel BOCQUET ).A partir d’Avril, les premières rentrées de nectar permettent de « faire la soudure » avec les réserves d’hiver. C’est aussi la période critique pour la survie d’une colonie, et ce d’autant plus qu’elle est très peuplée, en cas de conjonction de réserves trop justes et de mauvais temps.Comment évaluer les réserves ?

  • A la mise en hivernage :
    • par évaluation visuelle lors de la visite d’automne, la ruche étant ouverte et chaque cadre examiné.
    • par soupesage manuel, (opération qui demande de l’expérience).
    • Par pesée à l’aide d’un instrument de mesure (bascule, pèse-personne, peson …).
  • En cours d’hivernage : par soupesage ou par pesée.

Que donner en nourrissement en cas de réserves insuffisantes ? Cela va dépendre du moment de l’année.
Si le nourrissement est jugé nécessaire lors de la visite de mise en hivernage, on donnera un sirop qu’on peut fabriquer soi-même à base de sucre cristallisé ou mieux un sirop de nourrissement du commerce, voire du miel (attention au pillage alors). On nourrira en une seule fois et le plus tôt possible en se souvenant que les abeilles prennent très mal le sirop quand la température est trop basse (inférieure à 10°).
Si le nourrissement est jugé nécessaire en période froide de fin d’hiver (« nourrissement de sauvetage ») il se fera sous forme d’un pain de candi placé sur le trou nourrisseur.

Texte : Jean-Louis PERDRIX