Le traitement du bois

En apiculture, l’utilisation du bois pour la réalisation des ruches, des cadres, des nourrisseurs et aussi des supports est majoritairement répandue.

Le bois, de par son coût, ses qualités mécaniques et ses propriétés isolantes est un produit naturel qui permet de répondre à la plupart des exigences de l’élevage des abeilles.

la désinfection des cadres par un bain de soude

S’il n’est pas utile de traiter les bois des cadres (hormis épisodiquement lors du trempage dans un bain de soude pour les nettoyer et les désinfecter) il est par contre nécessaire de protéger les bois exposés aux intempéries afin de leur assurer une bonne conservation .

Différents traitements existent et concilient plus ou moins longévité des bois et vie des abeilles tout en préservant les produits de la ruche.

Les bois de ruches sont exposés à divers agresseurs : les insectes xylophages qui mangent le bois, les champignons qui participent à sa dégradation en milieu humide et les intempéries qui l’agressent mécaniquement. Si certaines essences (mélèze, châtaignier, douglas…) présentent naturellement une bonne longévité face aux intempéries sans traitement particulier, toutes sont sujettes à la dégradation. L’utilisation de produits fongicides n’est pas souhaitable à cause de la cohabitation avec les abeilles. Il est préférable de protéger les bois de l’humidité d’une façon ou d’une autre. Les traitements insecticides sont aussi prohibés pour des raisons évidentes. Il ne reste donc que peu de façons pour prolonger la durée de vie des bois de ruche sans porter atteinte aux habitants.

Par le passé, différentes techniques ont été utilisées puis délaissées pour certaines :

  • Le carbonyle avec ou sans adjonction d’huile de lin recouvert ou non de cire microcristalline offre une protection très efficace qui réclame plusieurs interventions et un temps de séchage long à cause des odeurs répulsives. La toxicité du carbonyle est aussi problématique.
  • Les peintures apportent un aspect esthétique appréciable. Les solvants qu’elles contiennent sont à apprécier avant l’utilisation. Plusieurs couches sont nécessaires et doivent être renouvelées. Pour ne pas risquer d’enfermer l’humidité dans les assemblages, une imprégnation préalable à l’huile de lin est souhaitable.
  • La peinture à base de pigments métalliques (Thermopeint) est très hydrofuge mais enferme aussi l’humidité dans les assemblages qui sont alors les points faibles. La couleur brillante des ruches est souvent jugée peu discrète.
  • Les lasures compatibles avec les abeilles donnent aux ruches une belle couleur. Elles doivent être renouvelées de temps en temps. On les trouve chez les fournisseurs de matériel apicole.
  • L’huile de lin, avec ou sans adjonction d’essence de térébenthine, peut être appliquée à chaud ou à froid. C’est un traitement qui laisse dans un premier temps une belle couleur naturelle au bois. Une application supplémentaire doit être faite régulièrement. Ce traitement protège bien les bois de l’humidité et est autorisé en apiculture biologique.
  • le trempage des éléments dans la cire microcristalline

    Les cires microcristallines d’imprégnation sont des cires à haut point de fusion dont l’application à chaud (180°C) permet de pénétrer rapidement dans le bois et ainsi de le protéger très efficacement et très durablement de l’humidité. L’application de cette technique nécessite une mise en oeuvre réservée au traitement d’un grand nombre d’éléments mais elle est très rapide, peu onéreuse et définitive. C’est une technique proposée chaque année aux adhérents de l’Abeille du Forez fin mars ou début avril.

L’utilisation d’essences telles que le châtaignier, le mélèze ou le duramen de douglas sans aucun traitement est aussi une façon de considérer le problème. La longévité des éléments sera ainsi variable.

L’utilisation de polystyrène extrudé, de plastique ou de résines de synthèse pour la fabrication des ruches ne garantit pas l’absence d’émissions de divers composés. Leur grande longévité et leur totale imperméabilité sont surtout recommandées pour les planchers et les nourrisseurs couvre-cadres.

En conclusion, il semble qu’actuellement, sans être ni insecticides ni fongicides, ce soient l’imprégnation à la cire microcristalline ainsi que le traitement à l’huile de lin qui aient la préférence des apiculteurs. La première pour son coût et son efficacité, le second pour ses origines naturelles.En ce qui concerne les essences et le traitement des supports en bois tels que les palettes, il semble qu’une attitude compatible avec l’éthique de l’apiculture soit préférable. Les pièces en contact avec le sol peuvent être des pièces d’usure remplaçables éventuellement.

Texte : Marc FOUGEROUSE ; Mise en page : Vincent GUILLOT – 2018-03-17