Le frelon asiatique dans le Forez

L’année dernière la présence de frelons asiatiques a été observée dans de nombreux secteurs du Forez. Seules les zones de montagne semblent encore exemptes. Nous pouvons donc considérer que cette année, compte tenu de l’hiver très clément, les frelons seront certainement présents en plus grand nombre. Il est donc impératif que nous commencions à intégrer ce prédateur dans nos pratiques apicoles.

Lors de la dernière veillée apicole en Février nous avons traité ce sujet. Nous avons appris à l’identifier, à le différencier des guêpes, bourdons et frelons européens. Nous avons décrit son cycle biologique annuel, observé un nid et évoqué les moyens de lutte à notre disposition. Pour ceux qui n’étaient pas présents ce soir-là, cet article en reprend les grandes lignes.

Tout d’abord, il est essentiel de savoir identifier ce nouveau venu dans notre environnement, afin de ne pas le confondre avec ses cousins dont il vient occuper la niche écologique. Car notre lutte ne doit s’exercer qu’en ciblant précisément l’adversaire et non pas les espèces qui lui sont concurrentes.

S’il est facile de différencier le frelon asiatique de la guêpe par comparaison de leur taille et de leur couleur, il est moins évident de le faire avec le frelon européen :

Le thorax du frelon asiatique est entièrement noir et l’extrémité de ses pattes est toujours jaune alors que les pattes du frelon européen sont rousses ainsi que sa tête et son thorax pour partie.
L’abdomen du frelon asiatique est noir rayé de bandes jaunes et orangées alors que l’abdomen du frelon européen est jaune rayé d’une bande noire avec quelques points noirs.

La taille du frelon asiatique est comprise entre 17 et 32mm. Celle du frelon européen est comprise entre 18 et 35mm. Ce n’est donc pas par la taille que la différenciation sera effectuée.

Pour ce qui est des nids, ceux des frelons asiatiques sont généralement situés en hauteur et en pleine lumière. Ils ont une entrée latérale de petite taille (4 cm) et présentent un aspect en écaille. Leur diamètre peu atteindre un mètre.

Le nid du frelon européen est toujours installé à l’abri avec une entrée large et basse. Sa forme est moins sphérique et il a l’aspect de papier mâché. Il est à noter néanmoins que chez le frelon asiatique il existe une forme de nid intermédiaire qui ressemble au nid de guêpes.

Quoi qu’il en soit, les nids de frelons asiatiques ne sont généralement observés qu’en fin de saison lorsque les arbres perdent leurs feuilles et qu’ils sont vides de leurs habitants. Il est donc trop tard pour intervenir utilement, ce qui est d’ailleurs déconseillé compte tenu de la dangerosité de l’opération.

Il est préférable de bien connaître le cycle biologique du frelon asiatique afin d’adapter les moyens de lutte. Comme les guêpes, lesfrelons européens et les bourdons, les frelons asiatiques ne vivent en société que pendant la belle saison. A la fin de l’automne des jeunes reines fécondées quittent le nid qui les a vues naître et s’en va chercher parfois assez loin un bon coin pour passer la période hivernale. Au printemps les survivantes sortent de leur torpeur et cherchent à constituer un nid pour y élever une première génération d’ouvrières. A cette période les fondatrices ont besoin d’énergie et recherchent le sucre.

Les spécimens que l’on peut observer à cette période sont donc toujours des femelles fondatrices.

Plus tard en été, la colonie s’est développée. La reine se consacre uniquement à la ponte et les ouvrières, nombreuses, recherchent aussi des protéines pour nourrir le couvain (principalement sous forme d’insectes).

Enfin, en bout de saison, lorsque les températures baissent, c’est à nouveau de substances sucrées que les jeunes reines sont en quête.

Les frelons asiatiques sont néfastes pour l’écosystème. Ils provoquent des dégâts dans les vergers et s’attaquent aux insectes.

Les abeilles constituent une importante part de leur régime alimentaire. Mais c’est principalement le stress occasionné par leur prédation devant les ruches qui limite dangereusement la récolte du nectar, du pollen et de l’eau mettant ainsi la colonie en péril lors de l’hivernage.

Il n’existe actuellement aucune stratégie collective de lutte contre le frelon asiatique. Ce sont donc des actions individuelles et ponctuelles qui peuvent limiter sa prolifération. Ainsi au printemps jusqu’à début Mai il est utile de piéger les reines fondatrices avec un appât sucré. Elles sont peu nombreuses mais représentent potentiellement un nid en devenir. En pleine saison les frelons asiatiques sont beaucoup plus nombreux et c’est alors que leur prédation s’exerce devant les ruches. Le piégeage ne permet que de capturer des ouvrières. Cela a néanmoins l’avantage de diminuer la pression au rucher. Les appâts devront alors être plus protéinés (pâtée pour chat, poisson). Pour capturer les femelles fondatrices en fin d’automne, il faut revenir aux appâts sucrés (bière + vin blanc + sirop).
Les pièges que les apiculteurs peuvent fabriquer facilement pour les placer autour de chez eux et dans leurs ruchers sont de deux types :

– l’un comparable aux pièges à guêpes que l’on connaît. Les insectes sont attirés par un liquide sucré dans lequel ils se noient indifféremment. Ces pièges sont trop peu sélectifs pour des apiculteurs respectueux de la nature.

– l’autre permet de cibler le frelon asiatique en permettant de laisser une chance de survie aux autres insectes.

Qu’ils soient fabriqués à partir de bouteilles en plastique ou de boites en bois ils évitent de détruire inutilement papillons et guêpes ou abeilles.

Ils sont munis de sas pour filtrer les entrées et d’orifices pour filtrer les sorties : 8 mm permettent aux frelons asiatiques d’entrer dans le piège et 6 mm permettent de les empêcher de sortir. Il est à noter qu’il n’est pas utile de laisser les insectes se noyer car cela gâche l’appât de plus leur présence dans le piège attire leurs congénères.

Les pièges doivent être installés dès le printemps jusqu’à la fin de l’automne avec des appâts adaptés aux besoins du moment et renouvelés régulièrement. Il est aussi utile de les préserver de la pluie.

Lorsque la saison des frelons asiatiques bat son plein il est nécessaire de faire baisser la prédation en multipliant les engins.

On peut aussi gêner le vol et les attaques des frelons en plaçant devant les ruches une muselière en grillage voire en déployant un grillage à poule. Cela permet aux abeilles de ne plus rester en grappe sur la planche de vol et ainsi d’aller butiner.

Marc FOUGEROUSE