Le merisier ou cerisier sauvage

Le merisier (prunus avium) de la famille des rosacés est un arbre présent dans les futaies peu denses car il nécessite assez de lumière. On le rencontre en peuplement dispersé car les noyaux sont disséminés par les oiseaux qui en consomment les fruits.

Les feuilles alternes, pendantes, oblongues et dentées sont caractérisées par deux glandes nectarifères (nectaires extra
floraux) rougeâtres situés à la base du limbe.

Les fleurs blanches en petits bouquets ou isolées s’épanouissent en avril-mai suivant l’altitude juste avant la feuillaison de l’arbre. Elles sont très mellifères et attirent  fortement les abeilles qui assurent leur fécondation en transportant le pollen d’arbre en arbre.

La floraison très spectaculaire permet de repérer les arbres disséminés dans le paysage alors que la nature est encore peu feuillée. Cela permet à l’apiculteur de mieux apprécier la richesse mellifère du secteur.
Les fruits charnus (merises) à longues queues sont plus ou moins sucrés et plus ou moins acides. Leur couleur varie du rose au rouge presque noir. Ils sont comestibles pour la faune sauvage mais aussi pour l’homme qui les utilise pour la fabrication d’alcool et de pâtisseries (le « milliard auvergnat »).

Le tronc est généralement élancé en futaie jusqu’à 25 mètres et sa croissance est plutôt rapide pendant les vingt premières années. C’est un arbre dont la longévité peut atteindre un siècle. On rencontre également le merisier isolé sur les talus. Il est alors moins élancé, plus massif aux branches retombantes dans l’âge. On l’utilise aussi régulièrement dans la composition des haies brise-vent.

L’écorce du merisier est grise, lisse et luisante, avec des bandes transversales plus rougeâtres. Son bois est recherché dans
l’ameublement pour sa couleur et l’esthétique de son veinage.

 »A la fleur du merisier les mouches sont sauvées !  »
Quand les apiculteurs n’élevaient les abeilles qu’en ruches à rayon fixes (paillas, troncs évidés, vanneries enduites …) la tradition ou l’expérience les conduisait à ne récolter le miel excédentaire qu’après l’hivernage. Cette période était fixée au moment de la floraison des merisiers. Il s’agissait du « brèchage » des ruches ou du « brèchage » des mouches que j’ai pratiqué quelquefois pour rendre service à un voisin dans les monts du Forez ou plus récemment lors du transvasement par tapotement d’une colonie logée dans une ruche ancienne.

« A la fleur du merisier …On peut toujours considérer ce dicton apicole comme valable à notre époque si toutefois l’environnement botanique du rucher est riche et varié.

Si la météo est favorable, la floraison des merisiers est une période d’euphorie au rucher. Les entrées de nectar et de pollen sont importantes. La ponte de la reine s’accentue et les colonies les plus précoces peuvent accumuler une récolte significative de ce qu’on appelle la miellée blanche (merisier, prunier, fruitiers…). Cette floraison est concomitante à celle du pissenlit qui constitue aussi pour une bonne part le miel de printemps.

Pour récolter du miel de merisier il est donc essentiel de procéder comme le font les apiculteurs transhumants pour sélectionner les miels de cru (acacia, tilleul,châtaignier …).

Il est toutefois possible de réaliser avantageusement cette miellée en zone de montagne ou le merisier fleurit en abondance, avec des colonies développées en plaine. Les cadres de nectar de merisier devront être identifiés et séparés du nectar de pissenlit.

Dans les régions ou la culture des fruitiers est développée, et plus particulièrement celle des cerisiers, une récolte de ce miel est plus régulière si toutefois l’apiculteur accepte les risques liés aux traitement phytosanitaires.

Le pollen de merisier a la couleur typique des pollens de fruitiers, c’est à dire gris beige.

Quant au miel de merisier, si vous avez la chance d’en récolter sans qu’il soit pollué par d’autres nectars, c’est un miel clair, jaune d’or, liquide avec un nez très floral. Sa typicité en bouche rappelle les miels printaniers, légèrement acidulés avec une sucrosité persistante.

Marc FOUGEROUSE