1 – Fabrication et utilisation de la cire pour les abeilles
La cire est sécrétée par les seules abeilles ouvrières surtout dans les premiers jours de leur existence par des glandes situées entre les derniers anneaux de leur abdomen sur la face ventrale. Elle apparaît sous forme de petites écailles blanches, translucides. On peut observer ces petites écailles au printemps sur les planchers des ruches alors que les jeunes abeilles en sécrètent abondamment et ne l’utilisent pas toute.
Ces petites écailles sont ensuite transportées jusqu’au rayon en construction ou elles seront rajoutées à l’édifice après avoir été façonnées successivement par de nombreuses ouvrières. La coloration finale de la cire sera influencée par les pollens récoltés lors de la construction. La production de cire par les abeilles est plutôt concentrée pendant la période d’élevage et pendant les jours de miellée. Si elle n’est pas une nécessité absolue, elle régularise néanmoins le fonctionnement de l’essaim. Il est bon de donner aux colonies d’abeilles quelques cadres à bâtir chaque année, (deux cadres de corps et quelques cadres de hausses semblent être la bonne proportion pour satisfaire ce besoin, renouveler les bâtisses anciennes et améliorer l’état sanitaire).
Par le passé les apiculteurs laissaient leurs abeilles construire selon leur humeur dans des ruches dites « à cadres fixes ». Parfois une baguette de bois ou une rainure permettait aux abeilles d’orienter leur construction. Par la suite sur des cadres mobiles les apiculteurs fixaient une bande de bâtisse de l’année précédente ou une bandelette de cire gaufrée.
Actuellement les cadres neufs sont garnis entièrement par une feuille de cire gaufrée dont la dimension des alvéoles est pré-détermniée. (Le diamètre des cellules est supérieur à celui des constructions naturelles). Il existe aussi des ébauches de cellules destinées à l’élevage des faux bourdons. Bien entendu l’utilisation du cadre mobile et de la cire gaufrée ont permis le développement de l’apiculture moderne.
2 – La fonte des brèches
La cire gaufrée ayant un coût certain, la récupération de la cire produite par les abeilles est rentable dans certains cas. Elle est habituellement pratiquée par l’ensemble des apiculteurs.
Compte tenu du coût de l’énergie pour fondre la cire, la récupération des vieux cadres noirs ne me semble pas rentable (à moins d’utiliser un cérificateur solaire). Par contre, la récupération de la cire d’opercules l’est beaucoup plus. Différentes méthodes d’extraction et purification sont employées :
- Fusion par la chaleur solaire :
Les brêches sont placées sur une grille exposée aux rayons de soleil derrière une vitre dans un caisson isolant (une caisse de réfrigérateur convient bien). La cire ainsi obtenue est récupérée sous la grille puis guidée dans un moule. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle ne permet de traiter qu’une petite quantité de cire à la fois et qu’elle ne fonctionne pas toute l’année car la cire ne fond qu’au delà de 65 degrès environ. - Fusion à l’eau chaude :
Ce procédé est évidemment le plus pratique et le plus rentable. Il permet de traiter de grandes quantités de façon efficace et à tout moment de l’année, même en hiver lorsque l’apiculteur a le temps. N’importe quel récipient métallique peut convenir (fût de 220 litres).
Le chauffage peut se faire au bois. La seule précaution à prendre est de ne pas atteindre l’ébullition qui ferait déborder le récipient et pourrait provoquer un incendie (c’est une activité à pratiquer à l’extérieur). La meilleure méthode consiste à faire fondre les opercules plus ou moins mielleux dans une bonne quantité d’eau (1 pour 4) dans un fût métallique de 220 litres (facile à récupérer) sans remplir plus qu’aux 2/3. Lorsque la totalité est bien fondue il faut éteindre le feu afin de supprimer tout mouvement à l’intérieur du fût. Au bout de quelques minutes la cire liquide se trouve flottant à la surface alors que les impuretés sont juste en dessous. Il suffit alors de la récupérer en l’écrémant au moyen d’une louche (boite de conserve clouée sur un manche) et de la verser dans un seau plastique qui permettra un démoulage facile après refroidissement.
Lorsque l’écrémage ne sera plus possible la pellicule restante sera récupérée après refroidissement pour être traitée une prochaine fois. Ce procédé permet de traiter une bonne quantité de cire belle qualité (claire et épurée) si la température n’est pas montée trop haut. - La chaudière à cire :
Il s’agit d’un matériel en inox prêté par le syndicat qui permet de récupérer la cire fondue par la vapeur d’eau. Le procédé permet de traiter environ 5 kg de cire à la fois.
Quelle que soit la méthode utilisée, il est préférable d’isoler le récipient dans lequel on récupère la cire épurée afin qu’elle refroidisse lentement et ainsi puisse se purifier encore.
Une grande attention doit être portée aux conditions de sécurité car les risques de brûlure ou d’incendie sont grands.
3 – Les usages de la cire
- La cire gaufrée : Elle oblige les abeilles à bâtir selon la volonté de l’apiculteur des bâtisses dont les cellules ont une dimension légèrement supérieure aux bâtisses naturelles. Le gaufrage peut être fait à façon par un artisan ou par l’apiculteur lui même au moyen d’un gaufrier ou d’un laminoir.
- Traitement du parquet : Au moyen d’un fer à repasser la cire est fondue sur la surface à traiter.
- Encaustique : une partie de cire épurée et trois parties d’essence de thérébentine.
- Bougies : La cire chaude est coulée dans des moules de formes très variables.
- Objets décoratifs : La cire chaude est coulée dans les moules de formes très variables.
- Commercialisation : La cire (épurée de préférence) est collectée pour des utilisations diverse ; la principale étant la fabrication de cire gaufrée pour l’apiculteur. (Si vous préférez gaufrer la cire vous-même, et que vous avez un gaufrier, vous trouverez ICI les procédures pour gaufrage de la cire.)
Texte : Marc Fougerouse
Bulletin N°48 Février 2008