Un automne long et doux et un printemps clément. Deux conditions favorables au développement des pucerons et des divers parasites des végétaux. Un été chaud favorise ensuite l’explosion des populations qui peuvent ainsi excréter de grandes quantités de miellat.
Lorsque pucerons, cochenilles, aleurodes, psylles, cicadelles et autres consomment en quantité la sève des végétaux riches en substances azotées ils en rejettent les sucres présents en trop grande quantité. Ces excréments très concentrés en sucres modifiés par les sécrétions des insectes suceurs de sève se trouvent rejetés sur la végétation.
Les miellats s’y enrichissent de divers spores et algues présents dans le milieu où les abeilles peuvent les butiner à leur tour y ajoutant leurs propres sécrétions salivaires. Donc bien que d’origine végétale, après être passés par les organismes des pucerons puis celui des abeilles où ils prennent une forte identité animale, les multiples sucres (glucose, fructose, mélézitose, dextroses…) acides aminés et les divers minéraux qui composent le miellat se trouvent dans la ruche à la disposition de ceux qui vont les consommer.
Si les miellats ne se trouvent pas mêlés à d’autres miels de nectar ils prennent desappellations spécifiques ; miel de sapin, miel d’épicéa, miellat de chêne, miel de metcalfa … Par contre en mélange avec des nectars des fleurs butinées pendant la même période ou plus simplement si l’apiculteur n’a pas pris la peine de les différencier par des récoltes successives ils prennent l’appellation miel de forêt. De couleur plus ou moins foncée, de brun jaune, brun rouge ou brun vert à presque noir suivant les végétaux parasités et les caractéristiques du milieu, de saveur généralement boisée (sous-bois, feuilles sèches), peu acides (ph< 4) et très concentrés en oligoéléments (minéraux) ils sont caractérisés par une faible teneur en pollens et une concentration plutôt élevée (14 à 17% d’humidité étant généralement la mesure du réfractomètre).
Les miellats sont généralement liquides longtemps à l’exception de ceux contenant trop de mélézitose : sucre peu soluble qui cristallise rapidement et définitivement. D’excellente conservation, ils méritent de ne pas être bradés d’autant moins que les bonnes années de production sont plutôt rares.
Seul bémol, les miellats ne sont pas de bonnes provisions d’hivernage pour les abeilles. C’est une nourriture indigeste qui provoque l’engorgement du système digestif. Il faut espérer que l’hiver sera entrecoupé de nombreuses journées assez douces pour permettre les vols de propreté nécessaires à la bonne santé des colonies.
Dans notre région du Forez nous sommes peu habitués à récolter des miellats en quantité, excepté dans les zones de production du miel de sapin. L’appellation miel de forêt ne nous est donc pas familière alors qu’elle permet de mettre en valeur un produit très apprécié par les consommateurs lorsqu’ils l’ont découvert.
Aux concours des miels du Forez de nombreux échantillons sont parfois présentés sous cette appellation mais certains présentés sous l’appellation miel de montagne ou miel toutes fleurs auraient avantageusement mérité l’appellation miel de forêt.
Marc FOUGEROUSE
Bulletin N°77 Novembre 2015