Le nourrisseur d’entrée

Sa fabrication, son utilisation

A l’hiver très clément favorisant le développement exceptionnel des colonies a succédé un printemps pourri ne permettant pas aux abeilles de subvenir à leurs besoins tant en pollen qu’en nectar. Bon nombre de ruches déjà fortes (6 ou 7 cadres de couvain avec un fort bataillon de butineuses) se sont vues couper les vivres subitement. Le couvain blanc a alors consommé une grande part des provisions et les reines ont dû suspendre le rythme de leur ponte. Quelle catastrophe pour la miellée à venir ! Ce sont les abeilles pondues cinq à six semaines avant qui seront les butineuses du moment. Donc celles issues du couvain élaboré pendant la floraison du pissenlit riche en pollen et en nectar.
Face à l’adversité l’homme fait appel à ses connaissances ou à celles des autres, à son imagination, enfin à tout ce qui pourrait l’aider à surmonter la difficulté, voire même à en tirer profit. C’est souvent ainsi que l’on progresse en de nombreux domaines.
Il en est de même en apiculture.
Dans un tel cas de figure la solution consiste à procurer à la colonie le pollen et le nectar que la nature ne lui fournit pas. Pour ce faire il n’existe que deux solutions. Soit l’apiculteur dispose d’une réserve de cadres contenant du miel et du pollen sain (conservée dans un endroit frais, sec et à l’abri de la teigne ; vieux congélateur soufré régulièrement par exemple) et les distribue aux colonies qui en ont besoin. Soit-il doit leur donner un succédané de ces produits.
A la différence du nourrissement d’automne qui doit être massif et rapide, le nourrissement de printemps (ou nourrissement stimulant) doit être lent et régulier et parcimonieux, 15 à 20 cl par jour. A moins de disposer de tout son temps et d’avoir ses ruches à portée de main, il n’est pas permis à chacun de le pratiquer correctement.
En effet, les quantités de sirop apportées à la colonie ne doivent en aucun cas être stockées au risque de les retrouver plus tard dans le miel, mais transformées en nourrissement pour le couvain.
Si les hausses ont déjà été posées compte tenu du développement de la colonie, l’utilisation des nourrisseurs couvre cadres n’est pas idéale. Par contre le nourrisseur d’entrée permet parfaitement de remplir ce rôle.
Il en existe plusieurs modèles dans le commerce et tous fonctionnent sur le même principe.

  • Ils sont rapidement accessibles de l’extérieur sans ouvrir la ruche.
  • Ils contiennent une petite quantité de sirop.
  • La distribution est lente car seules quelques abeilles peuvent y accéder en même temps.

Le principe en est simple ; c’est celui de l’abreuvoir à volaille ou à canari. Il utilise toujours une bouteille renversée sur un support/abreuvoir.

Utilisation

Ce type de nourrissement permet le nourrissement spéculatif ou stimulant en début de saison aléatoire et risqué ; il sert aussi à nourrir les ruchettes. En cas de disette comme cette année il permet de limiter la baisse de la ponte de la reine.

Le sirop

Il ne doit pas être trop concentré et se rapprocher le plus possible du nectar récolté par les abeilles.
Il est préférable de ne pas utiliser de miel afin d’éviter le pillage.

Fabrication

Dans une feuille de contre-plaqué hydrofuge de 15 mm d’épaisseur (ou plus suivant la hauteur de l’entrée de vos ruches) découper des rectangles de 7 X 20 cm environ.
Avec une défonceuse, entailler une feuillure dans le sens de la longueur de 4 X I 7 cm profonde de 13 mm environ qui ne débouche d’aucun côté. On obtient alors une sorte d’abreuvoir.
Dans une feuille d’isorel dur découper un carré de 7×7 cm percé en son centre d’un trou de 30 mm de diamètre (dimension qui correspond au diamètre du goulot d’une bouteille).
Agrafer le carré d’isorel sur le contre-plaqué à l’une des extrémités.
Au fond de l’abreuvoir coller sous le trou de 30 mm une allumette. (C’est l’épaisseur de cette allumette qui déterminera le débit du nourrisseur).
Il est préférable d’étanchéifier le nourrisseur en le trempant dans un bain de cire fondue. Si on utilise une bouteille de verre comme contenant pour le sirop il faudra l’attacher contre la ruche ; par contre les bouteilles de Contrex s’emboîtent très bien et tienne ainsi seules.

Installation

II suffit de glisser le nourrisseur par l’entrée au centre de la ruche jusqu’au bord de l’isorel. L’inclinaison de la ruche vers l’arrière remplira davantage l’abreuvoir et accélérera la prise du sirop. Inversement son inclinaison vers l’avant la ralentira en ne permettant qu’à quelques abeilles de boire sous le goulot de la bouteille.

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Texte : Marc FOUGEROUSE

Bulletin N°34 Mai 2001