L’objectif de cet article est de vous présenter les principaux points du cahier des charges de la production du miel en apiculture biologique afin de mieux appréhender ce mode de production. En effet, pour tout à chacun, le miel est un produit « quasi bio » et de toutes façons, on ne peut pas maîtriser les abeilles, elles butinent où bon leur semble…
Mais quand on regarde de plus près les pratiques conventionnelles, il y a plusieurs points sur lesquels nous pouvons être interpellés ! Que met-on dans les ruches pour traiter les abeilles, pour les nourrir, pour leur permettre de bâtir plus vite ; on les nourrit avec des sirops souvent à base d’amidon de maïs traité, OGM !!!
Avec quoi la ruche est-elle traitée : peinture, cire micro cristalline… En effet on les traite avec des produits de synthèse : que reste-t-il dans les cires, dans le miel, le pollen, quel impact sur l’apiculteur et le consommateur ?? La cire gaufrée utilisée d’où vient elle, quelle est son histoire, quels résidus contient elle !!! Les abeilles sont dans des ruches trempées à la cire microcristalline, issue du pétrole où même les parois intérieures sont imprégnées !!!
Le cahier des charges de l’apiculture biologique définit toutes les « règles du jeu ». Pour pouvoir apposer le logo AB sur un pot de miel, il faut tout d’abord s’engager auprès d’un organisme de contrôle qui est tenu de vérifier annuellement nos pratiques soit par des visites prévues, soit par des visites inopinées ainsi que par des analyses des miels pour vérifier l’absence de résidus. Deuxièmement, il faut s’inscrire auprès de l’Agence Bio qui recense tous les acteurs : producteurs, préparateurs, détaillants, commerçants de produits respectant le cahier des charges AB. Vous pouvez donc consulter leur site et connaitre pour tout produit, les producteurs en AB… Le coût de ces frais de certification est de 500 à 700 € en moyenne par exploitation.
Rentrons ensuite dans le cahier des charges :
La conversion : La première étape est la conversion dont la durée est de un an. A partir de l’engagement auprès de l’organisme de contrôle, nous devons appliquer le cahier des charges à la lettre. Mais pendant un an nous ne pouvons pas faire mention de l’appellation Agriculture Biologique, nous ne pouvons apposer le logo AB qu’après la fin de cette année de conversion.
La mixité : la conduite simultanée d’une même espèce animale en AB et en conventionnel est interdite sur une même exploitation (même si les unités bios et conventionnelles sont totalement séparées). La conduite de ruches simultanément en conventionnel et en biologique est donc interdite.
Localisation des ruches : En période de production, les sources de nectar et de pollen doivent être constituées essentiellement (supérieures à 50%) de cultures biologiques, de flores spontanées, de cultures traitées au moyen de méthodes ayant une faible incidence sur l’environnement (prairies, zones humides, forêts, …). Les miels constitués essentiellement du butinage de cultures conventionnelles ne sont pas certifiables en bio. Les emplacements doivent être suffisamment éloignés de sources susceptibles de contaminer les produits de l’apiculture (centres urbains, autoroutes, zones industrielles, incinérateurs, décharges …).L’identification des ruchers est indispensable afin d’assurer la traçabilité entre les ruches, l’emplacement des ruches et les produits apicoles.
Identification du rucher : l’identification individuelle des ruches n’est pas obligatoire. Un panneau à l’entrée du rucher sur lequel figure le numéro du rucher (numéro NAPI) ou au moins 10% des ruches avec ce numéro suffit. Les documents d’identification à fournir sont :
Une carte à échelle convenable (1/25000 ou 1/50000): cette carte doit permettre d’identifier les zones de butinage et l’emplacement des ruchers.
Le registre de ruchers ou cahier d’élevage doit être tenu en permanence et à disposition de l’organisme de contrôle. Il doit décrire : les dates et détail des visites sanitaires, les dates et conditions de renouvellement de reines et d’essaims, les dates et conditions d’interventions vétérinaires (prophylaxie), les différents déplacements de ruches, les dates et conditions de nourrissement, les pertes éventuelles d’animaux et leurs causes.
Le cahier de miellerie : date et quantité de miel récoltée par rucher et par miellée, retrait des hausses et extraction du miel, quantité mise en pot, quantité vendue.
Renouvellement : dans un élevage conduit en agriculture biologique, les essaims achetés doivent être biologiques. L’achat d’animaux non biologiques peut cependant être autorisé à des fins d’élevage en cas d’indisponibilité d’essaims ou de reines biologiques. L’achat de reines ou essaims conventionnels est soumis à dérogation et limité à 10% du cheptel existant, à condition que les reines ou essaims soient placés dans des ruches où les cires proviennent d’unités biologiques. Dans ce cas, la période de conversion de 12 mois ne s’applique pas.
La cire : elle doit obligatoirement être issue de l’apiculture biologique.
Nourrissement : il s’effectue uniquement au moyen de miel, sucre ou sirop de sucres biologiques.
La ruche : elle doit être constituée essentiellement (>de 50% de surface des matériaux) de matériaux naturels (généralement en bois), mais certaines parties peuvent être constituées d’autres matériaux (plastiques alimentaires…) à condition que ces matériaux représentent moins de 50% de la surface totale.
A l’intérieur des ruches, seuls les produits naturels tels que la propolis, la cire et les huiles végétales sont autorisés. Le trempage des bois à la cire microcristalline est donc interdit.
A l’extérieur, les produits utilisés ne doivent pas présenter de risques de contamination pour l’environnement ou les produits apicoles. Exemple de produits autorisés : le «thermopeint», l’huile de lin, l’essence de térébenthine, les peintures ou lasures à base d’eau.
Traitement : l’usage de toute molécule de synthèse est interdit. En cas d’infestation par le Varroa destructor, le couvain mâle peut être détruit et il est possible d’utiliser des acides formique, lactique, acétique et oxalique ainsi que du menthol, du thymol, de l’eucalyptol ou du camphre.
L’extraction du miel : l’extraction de miel sur des rayons contenant du couvain n’est pas autorisée.
Pratiques interdites :
– Tout produit de synthèse (tel que répulsif chimique) est interdit au cours des opérations d’extraction du miel.
– La mutilation des abeilles (par exemple : clippage des reines) est interdite.
A savoir que vous ne trouverez pas de cahier des charges de l’apiculture bio en tant que tel car il dérive de celui de la production animale. Par contre, vous trouverez des guides pratiques réalisés par les organismes de contrôles dans lesquels sont déclinées les pratiques à mettre en place.
Frédéric JACQUET ; Mise en page : Jean-Marie KAWA
Bulletin n°81 Février 2017