Le miel de colza est un miel mono-floral clair à l’état liquide qui cristallise rapidement et finement en une masse très ferme de couleur presque blanche laissant apparaître de nombreuses marbrures typiques.
Autrefois caractérisé par une odeur végétale de choux trop présente, le miel de colza est maintenant (nouvelles variétés) plus légèrement aromatique (beurre frais) avec une sensation plutôt sucrée sans acidité ni amertume trop marquée.
Sa conservation est aisée si la teneur en humidité est inférieure à 18% mais il est important de bien tenir compte de sa particularité à cristalliser très rapidement, parfois même avant la récolte ou pendant la période de stockage à la miellerie. C’est le rapport glucose/fructose élevé de ce miel qui lui confère cette particularité et les conditions d’extraction et de filtration en sont souvent affectées.
La cristallisation naturelle du miel de colza en pot bien que de texture très fine et agréable en bouche est très ferme, voire trop dure. Il est préférable de la conduire en miel crémeux. D’ailleurs c’est sous cette appellation que le miel de colza est généralement commercialisé en mélange avec d’autres miels printaniers.
En cas d’accident de cristallisation dans les cadres, il est toujours possible de les récupérer en les faisant piller par les abeilles lors du nourrissement de fin de saison.
La floraison du colza d’un jaune vif tranche dans le paysage agricole printanier. Elle débute mi-avril mais la miellée n’est vraiment effective qu’une dizaine de jours après l’apparition des premières fleurs. Il est d’ailleurs préférable de ne pas transhumer de colonies sur la zone de culture tant que la floraison n’est pas établie : En effet, trop tôt, on n’est pas à l’abri d’une infestation de méligèthes sur les boutons floraux avant leur épanouissement qui conduirait à un traitement insecticide dans le périmètre de butinage.
Il est à noter que, face à ce problème, il existe des stratégies alternatives mises en œuvre par certains agriculteurs qui consistent à introduire dans la semence quelques graines à floraison plus précoce. Ces plantes fournissent au parasite le pollen qu’il recherche, préservant ainsi les boutons floraux de l’essentiel de la récolte.
Dans le même ordre d’idée, il faut être conscient que les cultures de colza succèdent à des cultures céréalières qui introduisent dans les sols des résidus de pesticides dont la rémanence peut avoir des incidences fâcheuses sur les butineuses. De même qu’en fin de floraison d’éventuels traitements fongicides, voire insecticides, peuvent être entrepris alors qu’il reste encore quelques fleurs butinées par les abeilles.
Certains autres points de détail ne sont pas pour autant à négliger dans les relations avec les agriculteurs. Plus particulièrement les conditions d’implantation du rucher doivent être pensées quant à la protection des ruches et à la facilité de circulation dans les terres par temps humide. D’autre part en zone de grandes cultures il est nécessaire d’établir un abreuvoir sain (creux habillé d’une bâche étanche) étant exclu de laisser les abeilles boire dans les flaques environnantes.
Quoi qu’il en soit une communication suivie avec les cultivateurs est plus que nécessaire. Elle permet d’apporter à chaque partie les avantages attendus : de la pollinisation pour les uns et une miellée pour les autres.
Pour ce qui est de la conduite des colonies sur la miellée de colza il est utile de ne pas oublier que dans des conditions météorologiques favorables, les entrées de nectar et de pollen sont importantes. Cela stimule énormément la ponte de la reine et bloque rapidement le corps de ruche. Ce sont des conditions qui incitent à l’essaimage naturel.
Il est donc préférable de ne pas établir sur cette miellée des colonies ayant atteint leur plein développement mais plutôt des colonies sur quatre ou cinq cadres de couvain avec des cires à bâtir dans le corps et dans la hausse. D’ailleurs la ponction de quelques cadres de couvain operculé peut s’avérer bénéfique (équilibrage des colonies et essaimage artificiel) et l’insertion de cadres neufs au cœur du nid permet le désengorgement de ce dernier.
Il est d’autre part exclu de laisser des essaims artificiels orphelins sur cette miellée car dans l’attente de la ponte de la jeune reine les cadres de corps seraient entièrement bloqués dans le miel et le pollen ne laissant plus de place pour le premier couvain si essentiel pour l’avenir de la jeune colonie.
En tout état de cause une surveillance assidue des corps et des hausses est plus que nécessaire lors de cette miellée qui peut être très puissante.
Texte : Marc FOUGEROUSE ; Mise en page : Vincent GUILLOT
Bulletin N°85 - Mai 2018