Afin de pratiquer l’apiculture dans de bonnes conditions, il est nécessaire entre autre de posséder environ trois hausses par ruche. Ceci pose le problème de leur stockage et de la conservation des cadres bâtis.
Les principaux désagréments auxquels on peut être confronté sont les suivants :
- Destruction partielle ou totale des cires par les larves de fausse teigne ;
- moisissure du pollen dans les alvéoles ;
- moisissure se développant sur la surface même de la cire ou développement d’algues ;
- destruction des cires par les rongeurs ;
- fermentation du miel non extrait ou du miel résiduel après extraction.
Bien sûr à chacun de ces problèmes, il existe une ou plusieurs solutions appropriées.
L’essentiel pour l’apiculteur étant de limiter les dégâts, tous en minimisant la gêne occasionnée ainsi que le coût de l’opération. L’utilisation de méthodes naturelles est à privilégier autant que possible car correspondant plus à l’image de l’apiculture.
En ce qui concerne les dégâts occasionnés par la fausse teigne, il est nécessaire de préciser que ce sont parmi tous, ceux qui sont le plus redoutés par les apiculteurs.
Les fausses teignes (grandes ou petites) sont des papillons nocturnes de couleur terne et plutôt claire qui pondent leurs oeufs sur les cire de nos ruches. Les larves qui en naissent sont des chenilles blanches, assez grosses (fort prisées par les pêcheurs de truites) qui se déplacent et se nour
rissent dans les cadres en y produisant de grands dégâts. Elles laissent derrière elles des fils de soie et de petites crottes noires caractéristiques qui forment un épais réseau que les abeilles ne peuvent que difficilement éliminer.
Si les abeilles de colonies fortes luttent efficacement contre papillons et larves, les abeilles de colonies faibles laissent malgré elles les papillons pondre dans les cadres. Ces mêmes papillons y pondront d’autant plus si les hausses sont vides, mielleuses et abandonnées par les abeilles ou stockées dans un endroit confiné…
Il est donc nécessaire de lutter tout d’abord contre les papillons en les empêchant de pondre : une toile métallique de type garde manger peut convenir ; mais aussi contre les larves qui naîtront bientôt d’oeufs pondus avant le remisage des hausses. La combustion d’une mèche soufrée assez régulièrement (dans une enceinte close) permet de détruire larves et imagos, mais pas les oeufs.
L’utilisation de la naphtaline n’est plus recommandée, car elle laisse des résidus nocifs.
Un excellent moyen pas onéreux permet de lutter efficacement contre la fausse teigne. Il consiste à empiler les hausses sans serrer les cadres les uns contre les autres dans un endroit frais et bien ventilé, le courant d’air devant traverser l’intérieur de la pile. Un grillage inférieur et supérieur interdira l’entrée des papillons et aussi celle des rongeurs. Il est à noter qu’une altitude supérieure à 800 mètres réduit fortement l’invasion des fausses teignes (même pendant l’été). D’autre part, par temps froid, les teignes ne sont jamais actives.
- Les moisissures de pollen sont dues au développement d’un champignon dans les réserves de pollen très humide. Il est donc simple d’y remédier en stockant dans un endroit sec et ventilé.
Il est à noter que les abeilles réussissent assez bien à nettoyer ces pollens moisis s’il n’y en a pas trop ; mais, une consommation de ceux ci en cas de pénurie de réserves saines pourraient occasionner des troubles graves.
- En ce qui concerne les moisissures et les algues pouvant apparaître sur les cires mêmes, leur développement ne peut avoir lieu que sur des surfaces humides souvent entretenues par des résidus de miel après extraction dont l’hydroscopie capte l’humidité de l’air. Le léchage des hausses est le premier remède a apporter, le second en étant la ventilation.
La destruction des cires par les rongeurs est un problème que chacun peut résoudre aisément en utilisant un grillage fin et en détruisant les souris et mulots au moyen de pièges ou de poison.
- La fermentation des miels restant dans les hausses est un problème plus important, il est nécessaire d’y remédier efficacement. La meilleure solution consiste à éliminer le problème en supprimant la cause, c’est à dire le miel. Ne jamais stocker longtemps le miel dans les cadres et faire lécher les hausses extraites. Sinon le miel à conserver devra être mûr (humidité inférieure à 18%) protégé de l’air ambiant.
Le principal problème reste le choix des techniques pour faire lécher les hausses mielleuses. Elles sont multiples et toutes ont leurs inconvénients.
- Le léchage à l’air libre est pratique mais il peut occasionner des pillages au rucher ainsi que la propagation des loques.
- Le léchage sur les ruches occasionne un surplus de travail et les abeilles risquent de s’installer à nouveau dans les cadres.
- Le léchage d’une pile de hausses reliées à une ruche par un conduit n’est pas toujours concluant.
A la lecture de toutes ces remarques, il apparaît que le stockage des cadres bien léchés dans un lieu ventilé, frais et sec, protégé par un grillage (contre souris et teigne) semble être la solution à la majorité des problèmes.
Il est à noter que le stockage hivernal des hausses sur les ruches même n’est pas conseillé car il occasionne un surplus de dépenses énergétiques aux abeilles qui doivent réchauffer cet espace supplémentaire : le déplacement du nid à couvain dans les hausses en est un autre désagrément.
Marc FOUGEROUSE
Bulletin N° 11 Février 1994