Bilan de la saison apicole
2016 : une année médiocre.
Après un hiver doux et un début de saison précoce, le printemps n’a pas tenu ses promesses : faible « miellée blanche » (fruitiers), celle qui « fait les abeilles », puis pluies et froid dominants jusqu’à fin juin n’ont pas permis de miellées significatives, en plaine comme en montagne, en miels toutes fleurs comme en miels de crû (acacia, châtaignier). A noter cependant une bonne miellée sur la ronce.
Pour les transhumants sur la callune, il y a eu une petite miéllée mais pour laquelle la canicule a été fatale à partir de mi-août.
La saison est donc terminée,….sauf pour ceux qui voudraient la prolonger sur la renouée du Japon.
La récolte en cours du rucher-école (150kg estimés) pour 25 ruches redescendues la semaine dernière est bien le reflet de ce constat.
Visite d’automne ou mise en hivernage
L’objectif est double :
1 – Evaluer la colonie. Sa force : présence de couvain , étendu de celui-ci, population et provisions. Les colonies bourdonneuses seront « démontées », les faibles réunies. Son état sanitaire : aspect du couvain. Les colonies malades seront éliminées.
2 -Traiter contre la varroase. Utilisation d’inserts APIVAR (2 par ruche, 1 par ruchette) : c’est le choix fait pour le rucher-école depuis des années.
A l’ouverture cette colonie paraît peu populeuse.
C’est l’effet d’un enfumage trop copieux !
En fait en cours de visite on constatera qu’elle l’est suffisamment et qu’elle devrait être capable d’affronter l’hiver d’autant plus qu’un nourrissement stimulant va lui être administré (sirop 50/50 à raison d’un litre et demi par semaine).
Première évaluation du poids des ruches : au jugé. On s’exerce à soupeser et estimer le poids.
Une pesée précise sera refaite vers le 15 octobre pour passer l’hiver. Si le poids n’atteint pas 33 à 35 kg, il faudra nourrir au sirop concentré pour atteindre ce poids jugé convenable pour notre région et un hiver normal.
Méthode plus précise avec un peson.
Très beau cadre, gage d’un bon hivernage : bonnes provisions de miel (noter l’épaisseur du miel sous la barette) et gage d’un bon redémarrage au printemps : jeune reine (couvain étendu et compact) et bonnes provisions de pollen.
Cas inverse ! Cadre de couvain d’une colonie mal en point.
Couvain en mosaïque : reine âgée ? déficiente ? pression du varroa ?….Cependant on ne constate pas de larves douteuses.
Manque flagrant de provisions, en miel comme en pollen. Ceci explique peut-être cela.
C’est une colonie qui entre en période d’hivernage dans de mauvaises conditions. Elle demandera une vigilance particulière au printemps prochain.
Elle va bénéficier dans l’immédiat d’un cadre de provisions d’une ruche qui est dans l’opulence.
Lorsque la stimulation d’une colonie risque d’être bloquée par des provisions trop importantes on enlève un cadre pour le mettre à une colonie qui manque de nourriture. Celui-ci sera remplacé par un cadre bâti vide mis en bordure de couvain.
Traitement contre la varroase
Mise en place de la lanière ici retenue par un clou.
Elle est impérativement placée dans le couvain et de façon à rester en contact avec lui.
La lanière doit par conséquent être placée près de l’avant de la ruche (à environ 10 cm) car la grappe a tendance à se positionner à l’avant.
Insertion de la deuxième lanière
Les deux lanières doivent être séparées par au moins deux cadres.
Si le couvain ne comporte qu’un faible nombre de cadres on n’insère qu’une seule lanière. C’est le cas pour les essaims en ruchette en particulier.
Au bout de 6 semaines il est recommandé de recentrer les inserts de façon à ce qu’ils soient bien en contact avec le couvain. C’est la condition d’une efficacité optimale.
Les inserts doivent rester en place de 10 à 12 semaines, contrairement à ce qui est inscrit sur l’emballage (de 6 à 8).
Pour éviter des risques d’accoutumance et de résistance du varroa, il ne faudra pas attendre la visite de printemps pour le faire.
Visite terminée :
Inscription de l’état de la colonie sur le toit : poids 25 kg, 8 cadres de couvain, à nourrir.
Cette colonie est orpheline les abeilles seront réunies à une voisine.
L’opération se fera en toute fin de séance pour plus de sérénité dans le rucher…..
Un nourrisseur est placé sur chaque ruche.
Sur celui ci la partie métallique enlevée permet de constater qu’un rongeur est venu se « faire les dents » pour avoir accès à des restes de rayons contenant sans doute un peu de miel !!
Les nourrisseurs sont remplis de 1,5 litre de sirop 50/50 (1 kg de sucre cristallisé pour 1 l d’eau).
L’objectif de ce nourrissement est de relancer la ponte de la reine de façon à obtenir de jeunes abeilles pour l’hivernage, des abeilles non parasitées par le varroa de surcroît grâce aux inserts mis.
Ce nourrissement sera répété régulièrement jusqu’à la pesée des ruches mi-octobre pour un complément éventuel.
Visite des nucléis et apport de sirop
Quelques reines seront hivernées pour être utilisées en sortie d’hivernage.
Dépistage de Varroas par la méthode dite «méthode du sucre glace »
En fin de séance nous avons fait un test d’évaluation de l’infestation d’une colonie. Il consiste à calculer le taux de varroas phorétiques pour 100 abeilles (les varroas phorétiques sont ceux qui sont sur les abeilles et non dans le couvain). Le suivi d’infestation au niveau d’un rucher deviendra à terme un « outil de bonne pratique apicole » pour lutter de façon raisonnée contre varroa (traiter si nécessaire seulement, évaluer l’efficacité d’un traitement) et choisir des stratégies (faire des essaims, mettre en production).
Le protocole de la méthode est très précis et contraignant. Les abeilles doivent être prélevées sur du couvain ouvert. On recherche donc une colonie qui était en reprise de ponte et avait des cadres de couvain ouvert.
Il faut disposer d’une balance de précision et d’un récipient qui ne laisse pas passer les abeilles mais permet de faire entrer et sortir le sucre glace. En l’occurrence un pot verre d’un kg dont le couvercle a été découpé et la découpe remplacée par un grillage de fond de ruche de maille 3mm. collé à l’intérieur avec du silicone. Ce récipient vide pèse ici 302 gr.
Le cadre qui convient est secoué dans un toit pour « récolter » les abeilles.
Celles-ci sont collectées à l’aide d’une boîte en carton (ici une boîte de sucre ) puis introduites dans le récipient.
Le tout est pesé.
La balance indique 344 gr soit 42 grammes d’abeille.
Le nombre d’abeilles est calculé en prenant 0,14g comme poids d’une abeille. (toujours le protocole).
Le hasard ayant bien fait les choses, 300 abeilles exactement ont donc été prélevées. Ce qui rendra l’usage de la calculette inutile !!
Deux cuillerées de sucre glace sont introduites dans le récipient.
Le récipient est secoué énergiquement pendant environ une minute. Il faut veiller à ce que l’ouverture grillagée soit bien fermée par une des mains.
Le récipient est secoué sur une plaque (ici l’intérieur d’un carton).
Les varroas tombent dans le carton et sont dénombrés.
Pour respecter le protocole après avoir fait tomber les varroas une première fois il faut remettre du sucre glace et répéter l’opération.
Au total nous compterons 9 varroas. Soit un taux d’infestation de 3%.
Les études en cours, et qui sont assez récentes, donnent des seuils. Il est admis qu’en deçà de 1% une ruche ne requiert pas de traitement. A partir de 5% le traitement est à faire d’urgence.
Un suivi d’infestation est à faire sur environ un tiers des ruches d’un rucher, les ruches étant choisies de façon aléatoire.
Le test terminé, les abeilles sont réintroduites dans la ruche, sur les têtes de cadres.
Bilan de la séance, autour de la glacière
… et avec la visite de quelques abeilles « revanchardes »…
Les ruches sont dans l’ensemble légères. Un nourrissement important est à prévoir.
L’état sanitaire est satisfaisant. Quelques colonies (couvain en mosaïque, couvain peu étendu) seront cependant à surveiller en sortie d’hivernage.
Les colonies sont dans l’ensemble convenablement peuplées.
Il y a peu de couvain ouvert par rapport au couvain fermé ; nette réduction de ponte de la reine donc. Il convient de soutenir ou relancer celle-ci par un nourrissement stimulant, de façon à obtenir de jeunes abeilles saines (traitement varroa en place) condition sine qua none pour un bon redémarrage en sortie d’hivernage.
« Balance BEEZBEE »
Une ruche a de nouveau été placée sur la balance.
Elle permettra de suivre l’évolution du poids pendant cette période d’entrée en hivernage puis la consommation hivernale.
Elle devrait être une aide importante dans la gestion de nos propres ruches, surtout à la période critique de fin d’hivernage (février / mars).
Texte : Jean Louis PERDRIX ; Photos : Michel AYEL ; Mise en page, mise en ligne : Véronique SIMEON