Tout d’abord un rappel sur la biologie du varroa, son cycle de développement et des points importants à garder en mémoire pour le combattre au mieux.
Le cycle de développement du varroa comporte deux périodes :
La période hors couvain
Elle est dite phorétique, pendant laquelle il est sur l’abeille adulte. Cette période est courte, environ une semaine quand il y a de l’élevage, mais très longue, jusqu’à plus de 4 mois, en absence de couvain. Par ses piqûres il se nourrit de l’hémolymphe de l’abeille et l’affaiblit (action dite spoliatrice) et VARROA « ouvre la porte » à des agents pathogènes, virus essentiellement (action dite vectrice).
Lors de cette période, la transmission de la varroase se fait par le butinage, la dérive, le pillage et l’essaimage.
C’est durant cette période que l’acarien est le plus vulnérable et le plus facile à atteindre par les traitements.
D’où la préconisation des traitements dits « hors couvain ».
La période dans le couvain operculé :
C’est la période pendant laquelle a lieu la reproduction.
Celle – ci, dite femelle fondatrice, se place sous la larve, immergée dans la bouillie larvaire.
Une fois la cellule operculée elle se nourrit sur la larve (actions spoliatrice et vectrice) et pond un premier oeuf 60 heures après l’operculation, puis d’autres à intervalles de 30 heures environ.
Dans les cas les plus favorables (couvain de faux bourdons entre autres) il peut y avoir jusqu’à 6 pontes.
Le premier oeuf, non fécondé, donne naissance à un mâle ; les suivants, fécondés, donnent naissance à des femelles.
Le mâle est mature au bout de 5 à 6 jours et peut alors féconder ses sœurs, matures, elles, au bout de 6 jours.
Tous ces acariens à différents stades de développement se nourrissent sur la nymphe et bien sûr à son détriment.
A la naissance de l’abeille, les femelles adultes matures et fécondées abandonnent l’alvéole et le cycle recommence.
Le mâle et les femelles immatures restent et meurent dans l’alvéole.
Il y a de nombreuses causes d’échec dans la reproduction du varroa (essentiellement femelles mal fécondées) et le rythme de reproduction est estimé en moyenne à 2,25 fois par cycle de couvain.
L’augmentation de la population de varroas suit donc celle de la colonie et la situation devient critique en fin d’été quand le couvain diminue (diminution liée au cycle biologique de la colonie) et donc la population d’abeilles, alors que le rythme de reproduction du varroa continue.
Action sur les abeilles adultes :
- Action traumatique : le nombre de parasites gêne le fonctionnement normal de l’abeille.
- Action spoliatrice : « suce » l’hémolymphe de l’abeille (équivalent à environ 0,5 litre de sang par jour pour l’homme).
- Action vectrice : possibilité d’inoculer des agents pathogènes (surtout des virus).
Action sur le couvain :
Identique : traumatique, spoliatrice, vectrice.
Symptômes (lorsque la maladie est vraiment établie) :
1/ Rien de visible, mais il faut traiter.
2/ Symptômes d’alerte :
- Si il y a un varroa sur une abeille adulte (sans le chercher spécialement).
- Si il y a des abeilles monstrueuses (ailes atrophiées).
3/ Symptômes devant ou dans la colonie :
- Devant la ruche : abeilles traînantes qui ne peuvent pas voler ; abeilles mortes ; abeilles atrophiées.
- A l’intérieur : couvain en mosaïque, nymphes mortes dans les alvéoles.
La varroase favorise toutes les autres maladies.
Conséquences pratiques :
– Nécessité absolue de faire un traitement de fin de saison le plus tôt possible de façon à permettre aux colonies de se reconstituer pour la mise en hivernage (reprise de ponte liée au cycle biologique de la colonie).
– Nécessité de traiter en absence de couvain operculé, seule période où l’efficacité est avérée. C’est à dire faire appel à des traitements appliqués en période hors couvain (exemple emploi de l’acide oxalique par dégouttement lors de la coupure de ponte hivernale) ou des traitements qui couvrent plus d’un cycle de couvain (exemple inserts Apivar, plaquettes Apilife Var, barquettes Apiguard, diffuseurs d’acide formique).
– Nécessité de faire des estimations du taux d’infestation pour juger de l’opportunité de traitements complémentaires.
(Comptage des varroas sur lange graissé placé sous le plancher grillagé).
La lutte contre le varroa…
Deux sortes de traitements :
Ponctuel et à libération lente.
- Ponctuel : ils doit être fait sans couvain (Folbex, Perizin, amitraze, Klartan par aspersion, huiles essentielles).
- A libération lente : Traitement qui dure suffisamment pour que la durée d’operculation soit couverte.
Le seul sur le marché actuel : l’insert d’apivar.
La diffusion se fait par contact, il est nécessaire d’utiliser la dose prescrite par le mode d’emploi car il y a risque d’accoutumance (2 lanières par ruches de chaque côté du couvain).
Un traitement aussitôt après la miellée ou au début du printemps (contrôle).
Un essai comparatif d’Apivar et Apilife Var réalisé par le GDS Rhône-Alpes sur 4 ruchers a donné les résultats suivants :
Apivar : Efficacité de 98 %. Cependant un rucher a posé problème : 75 % d’efficacité sans que la raison puisse en être trouvée. Inserts défectueux
Apilife Var : Efficacité de 70 %.
Le protocole préconisé par les fabricants respectifs a été respecté avec cependant pour Apivar une durée de 10 semaines (supérieure à la préconisation) et un repositionnement des inserts dans le couvain à mi-parcours (absent dans les préconisations). L’essai a eu lieu à la mi-août.
Le contrôle d’efficacité a été réalisé à l‘acide oxalique.
Il existe aussi un traitement naturel sans molécules chimiques :
L’APIGUARD :
C’est un gel à base de thymol analogue au thymol naturel.
Mode d’emploi :
Le plus tôt possible en été après récolte, ouvrir une barquette et la poser au-dessus des cadres.
Placer une 2ème barquette après 2 semaines. Les retirer au bout de 2 semaines supplémentaires.
Observations :
Le produit agissant par contact et évaporation il y a lieu de laisser un espace au-dessus de la barquette (1 cm) pour le passage des abeilles (hausse vide nourrisseur couvre cadre retourné plateau couvre cadre avec liteau). Veiller à une bonne étanchéité. La température diurne mini doit être de 15 degrés, à l’extérieur de la ruche.
Il y a lieu de prévoir un contrôle de l’efficacité par sondage après la fin du traitement et éventuellement un traitement classique d’automne complémentaire.
Les abeilles n’aiment pas le thymol et cherchent à s’en débarrasser voir à fuir ce qui entraîne une agitation importante des ruches ce qui nécessite :
- De traiter toutes les ruches du rucher avec le thymol,
- De pratiquer le soir,
- D’avoir terminé les grosses opérations de mises en hivernage (nourrissement, réunions, remérage) car il vaut mieux ne pas intervenir sur les ruches pendant le mois que dure le traitement.
Précautions :
Le thymol est irritant et corrosif, n’ouvrir les barquettes qu’au dernier moment et porter des gants.
Conclusion :
Ce traitement est le plus naturel disponible actuellement nous ne pouvons que nous féliciter de sa mise sur le marché. Malgré sa plus grande difficulté de mise en œuvre nous vous encourageons à l’utiliser si vous vous en sentez capables (déconseillé pour l’instant en montagne).
Conditions de stockage :
- pas de température au-dessus de 30°
- tenir à l’abri du soleil.
Textes : Jean-Louis PERDRIX ; Marc FOUGEROUSE ; Mise en page : Jean-Marie KAWA
Crédit photos : « La santé de l’abeille »
Bulletin N°72 Février 2014